Le savetier , grollier ou taconnier

samedi 31 août 2019
par  Francis RENOUT
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Le Savetier est l’ancien nom donné aux cordonniers : jusqu’au XVIIIe siècle, le savetier raccommode les grolles (souliers) qui ne sont plus très neuves, y met des pièces, répare les semelles et les empeignes. Le cordonnier, quant à lui, fabrique des souliers neufs ou de luxe. Au fil des siècles, la fabrication industrielle de la chaussure entraînant la disparition du cordonnier, ce dernier s’est spécialisé dans la réparation.

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Ce terme de savetier est peu utilisé de nos jours. Ce nom tire son origine du mot savate qui désignait autrefois les chaussons. « Chavatte », en vieux français, désigne un vieux soulier très usé.

Le savetier a toujours inspiré les écrivains et les poètes, parmi eux Jean de La Fontaine dont vous connaissez peut-être la fable « Le savetier et le financier » :

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Savetier : le métier

Au moyen-âge, le savetier était le chausseur des pauvres gens. Les belles chaussures étaient fabriquées par le cordonnier. Jusqu’à la fin du XIV ème siècle, le savetier était contrôlé par les jurés des cordonniers. Les cordonniers formèrent de tout temps, par suite de l’utilité générale de leur profession, une corporation nombreuse et puissante. Elle comptait à Paris, vers la fin du dix-huitième siècle, plus de 1800 maîtres.

Pour la fabrication, ils utilisaient alors de la basane ou de la peau de veau. A partir de 1376, ils sont autorisés à utiliser du vieux cuir pour confectionner les chaussures. Une condition fut alors fixée : reprendre deux parties de cuir ancien contre une de neuf. 

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Toutefois leurs conditions de vie étaient vraiment difficiles. Faute de moyen en raison du faible nombre de maîtres, leur confrérie établie à Saint Pierre des Arcis dut revoir entièrement son financement. Ce fut l’occasion alors de réformer les statuts de la corporation. 
A plusieurs reprises, les cordonniers tentèrent de contrôler l’activité des savetiers. Aussi en 1549, on contraignit les savetiers, à recevoir à la maîtrise des compagnons, ayant réalisé leur apprentissage chez les cordonniers. A plusieurs reprises, les premiers tentèrent par voie de justice à ce que leurs jurés puissent visiter les savetiers. 
Toutefois, ces tentatives s’achevèrent avec l’édit de 1577 qui déclara les deux métiers. Les savetiers progressent même dans la hiérarchie des métiers parisien en accédant au 4e rang en 1581. 
En versant 3 000 livres pour secours de guerre en 1659, ils obtinrent l’autorisation de ne plus se cantonner aux chaussures de basse qualité. Au milieu du XVIIIe siècle, on comptait jusqu’à 1 500 maîtres dans la ville de Paris. 

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Savetier nom de famille :

Savetier est un métier mais aussi un nom de famille. Ce nom de Savetier est un sobriquet. C’est un dérivé de sabatier. Quant à sabatier, c’est aussi un sobriquet, dont l’origine de ce nom est française. Son étymologie vient de savetier : le cordonnier du turcçabata : vieille chaussure.
Au milieu du XVII ème siècle, nait Nicolas Savetier, le 31 juillet 1655 , à Gournay en Bray. Gournay-en-Bray se situe dans le pays de Bray, au confluent de l’Epte et de la Morette. Les deux ruisseaux de l’Auchy et de l’Aulnaie, affluents de la Morette, rejoignent également celle-ci sur le territoire de la commune. Après 1591, Une longue période de paix s’installe dans la région, permettant à la ville de prospérer jusqu’à la Révolution française.

Nicolas, fils de Jean et d’Anthoinette Thierry, deviendra, au cours de sa courte vie, maître savetier. En effet, celui-ci décède le 22 janvier 1694, à l’âge de 38 ans, dans le village qui l’a vu naître.
Auparavant, il se marie, le 31 juillet 1679, avec Marthe Colas, qui lui donnera dix enfants. Parmi eux, un fils, René, qui continuera le métier de son père, quelques années plus tard.
Né au même lieu que ses ancêtres, le 5 septembre 1689, il prend pour première épouse Marie Angélique Thiery, le 24 novembre 1712, et pour seconde épouse Elizabeth Bilcot, le 3 juillet 1741. Plusieurs enfants naîtront et décéderont en bas âge. Un fils, Nicolas René, devenu adulte, deviendra mareyeur. La transmission du métier s’arrêta donc au décès de René, le 8 avril 1750.

Le grollier :

Le mot grolle vient du latin populaire grolla par l’intermédiaire du franco-provençal, qui atteste dès le XIIIe siècle le mot grola signifiant vieux soulier et grolier signifiait savetier, d’où l’utilisation du mot grolles pour désigner des chaussures.
Concernant le grollier, ce nom de métier est aussi un nom de famille porté dans le sud de la France. Quant à cette famille, on en retrouve qui sont cordonniers. Comme quoi !

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Le taconier ou taconneur :

C’est un savetier, rapiéceur, ravaudeur ou frippier. Le tacon est le cuir utilisé par les cordonniers pour raccomoder les souliers.
L’origine de la taconnerie est tout de même incertaine, peut être vient t’elle du nom Tacon, une illustre famille du XVe et XVIe siècle. Ce nom est plus particulièrement porté dans les Côtes d’Armor.

A Genèvre, on trouve la rue de la Taconnerie et une histoire un peu particulière :
Jean Fraczon, dit « Allermet », du village de Brony, près d’Annecy le vieux, gardien de cochons, fut repéré par des religieux, au bord d’un chemin. Frappés par son intelligence, ils l’emmenèrent avec eux à Genèvre, pour le faire étudier. Quelques temps plus tard, prêt à partir de cette ville pour continuer ses études à Avignon, il se rendit dans la boutique d’un savetier ou taconnier pour y chercher des chaussures.
Celui-ci n’avait pas d’argent ! Frappé par sa bonne mine, le taconnier lui remit gracieusement en lui disant : « Prenez toujours, vous me paierez quand vous serez cardinal ».

F,Renout
(Administrateur cgpcsm)

Sources :
1) René de Lespinasse:les métiers et corporations de la ville de Paris)
2) recherches personnelles sur la famille Savetier


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