Traditions et superstitions de Noël dans le Pays de Caux

mardi 26 décembre 2017
par  Francis RENOUT
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G. Dubosc évoquait déjà en 1898 (dans le Journal de Rouen du 25 décembre), la disparition progressive de l’usage de la bûche de Noël – sans savoir peut-être qu’elle allait devenir le dessert emblématique de cette fête familiale. Il précisait toutefois dans son article :

"Longtemps, les pauvres gens des campagnes, en attendant l’heure de la messe de minuit, ont dû se réchauffer autour de l’énorme bûche éclairant de sa lumière flamboyante la compagnie réunie sous la hotte de la cheminée.

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C’est assis, devant son brasier, qu’on restait jusqu’au moment où, à travers champs, on allait gagner la pauvre église où devait se célébrer la Messe des bergers. C’est devant l’âtre rougeoyant qu’on se racontait toutes ces légendes merveilleuses de Noël, toutes ces traditions qui, contées par la voix tremblante des aïeules, se sont transmises jusqu’à nos jours "

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Les pierres tournantes, comme celles de Gerponville,un mégalithe situé aux Clos-Blancs, hameau de Veauville, s’agite au fond de la fosse où il repose depuis des siècles et tourne trois fois sur lui-même.Celles de Saint-Arnoult, de Malle-mains, qui tournent sept fois pendant la nuit de Noël ; et les trésors qui ne se découvrent que lorsqu’on sonne le premier coup delà messe nocturne ; et les feux follets qui dansent pendant la nuit sur les tombes du cimetière et bien d’autres contes fantastiques.

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C’est surtout au pays de Caux qu’existe la légende des pierres tournantes.
Ces pierres faisaient autrefois trois tours sur elles-mêmes pendant la Messe de minuit, et les monstres qui étaient censés y habiter exécutaient autour d’elles des danses folles qu’il eût été dangereux de troubler. Citons la chaise de Gargantua à Duclair, la pierre Gante à Tancarville, la pierre du Diable à Criquetot-sur-Cuville. . On croit encore, au pays de Caux, que les cloches perdues sonnent pendant la Messe de minuit. Certains affirment avoir entendu l’ancienne cloche de l’église des moines d’Ouville-l’Abbaye, qui passe pour être enfouie dans le « Bosc-aux-Moines », à Boudeville.

http://www.saintpierredevarengeville.fr/archive/2009/10/20/la-chaise-de-gargantua.html

A une lieue à peine au-dessous de Caudebec, sur le territoire de Villequier et non loin du château de la Martinière, se voit une roche que le peuple désigne sous le nom du Pain Bénit. Cette roche ne se distingue des roches voisines que par sa forme conique un peu aplatie au sommet. Mais combien elle est vénérée dans toute la contrée. Ses flancs recèlent des trésors que gardent des monstres et des dames blanches ; et, chaque année, cette roche tourne sept fois sur elle-même pendant la gènéalogie de la Messe dé Minuit

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La bûche de Noel :

l’historien Marchangy (1782-1826) parle de cette coutume en Normandie :"Le père de famille, accompagné de ses fils et de ses serviteurs, va à l’endroit du logis où, l’année précédente, à la même époque, ils avaient mis en réserve les restes de la bûche de Noël. Ils rapportent solennellement ces tisons qui, dans leur temps, avaient jeté de si belles flammes à rencontre des faces réjouies des convives."

l’aïeul les déposait dans le foyer et tout le monde se mettant à genoux, récitait le Pater, tandis que deux forts valets de ferme ou deux garçons apportaient la bûche nouvelle.c’est cette grosse bûche, nommée tréfeu ou tréfouet, qui devait durer pendant les trois jours de fêtes.Il arrivait aussi, quelquefois, que les pauvres gens ne pouvant se procurer des bûches convenables pour la veillée de Noël, se les faisaient donner.

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Partout, même dans les plus humbles chaumières, on veillait autour de larges foyers où flambait la souche de hêtre ou de chêne, avec ses bosses et ses creux, avec ses lierres et ses mousses.Cette bûche était toujours la plus grosse qu’on pût trouver ; c’était la plus grosse partie du tronc de l’arbre, ou même la souche. Il est à noter que la sélection du bois pouvant faire office de bûche ne se fait pas au hasard. A l’origine de cette tradition, ce sont les arbres fruitiers comme le merisier et le pommier qui étaient les plus utilisés. En plus, privilégier ces essences de bois, c’était aussi s’assurer d’une très bonne récolte l’année suivante. Le choix et la coupe de la PNG - 506.5 kotronche d’arbre est alors une véritable affaire de famille : la participation tant des grands que des petits était très sollicitée. Sinon, toujours dans le respect de la tradition du bois, il devait être coupé avant le lever de jour et il devait être décoré de feuillage avant de le brûler.

Il faut se représenter ces immenses cheminées d’autrefois : sous leur manteau pouvait s’abriter une famille tout entière, parents, enfants, serviteurs, sans compter les chiens fidèles et les chats qui venaient se réchauffer. Lors de l’allumage, la bûche est bénie à l’aide d’une branche de buis, ou de laurier, conservée depuis la fête des Rameaux.

on appelait cette grosse bûche, la coque de Noël (le gâteau allongé en forme de bûche que l’on donnait aux enfants le jour de Noël portait encore au début du XXe siècle dans certaines provinces le nom de coquille ou petite bûche, en patois, le cogneu.).On mettait le feu à cette coque et les petits enfants allaient prier dans un coin de la chambre, la face tournée contre le mur, afin, leur disait-on, que la souche leur fît des présents, et tandis qu’ils priaient l’Enfant-Jésus de leur accorder la sagesse, on mettait au bout de la bûche des fruits confits, des noix et des bonbons. A onze heures, tous les jeux, tous les plaisirs cessaient. Dès les premiers tintements de la cloche, on se mettait en devoir d’aller à la messe, on s’y rendait en longues files avec des torches à la main. Avant et après la messe, tous les assistants chantaient des Noëls, et on revenait au logis se chauffer à la bûche et faire le réveillon dans un joyeux repas.

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La porte restait grande ouverte aux pauvres gens qui venaient demander un gîte pour la nuit. On leur versait en abondance le vin, la bière ou le cidre, suivant les contrées, et une place leur était accordée à la table de famille. On attendait ainsi la Messe de minuit.

La disparition des grands âtres met fin à la coutume des bûches qui y étaient brûlées : la date de naissance du dessert qui les a remplacées reste inconnue.

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L’invention de la bûche remonte au XIXe siècle, sans que personne ne sache vraiment qui en a la paternité, les sources multiples se contredisant. Certaines évoquent sa création vers 1834..Toujours est-il que la bûche en tant que pâtisserie n’a commencé à se populariser qu’après la Libération, dans les années 1945-1950.La bûche de Noël, à la base, était un biscuit génoise, sur lequel était étalé de la crème au beurre parfumé au café, au chocolat, au Grand Marnier qu’on roulait ensuite pour lui donner la forme d’une bûche, qu’on recouvrait ensuite d’une fine couche de crème au beurre avec une poche munie d’une douille chemin de fer.

F.Renout
Sources diverses


Documents joints

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