Charlotte Jacqueline Françoise de MANNEVILLE - Décapitée à la Révolution

lundi 19 mars 2018
par  Francis RENOUT
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..........Une noble Cauchoise décapitée à Paris lors de la révolution.........


Deuxième période :

Charlotte Jacqueline Françoise de Manneville,originaire de Theuville aux Maillots, dame de Beuzeville-la-Guérard, marquise de Maulévrier, fut décapitée le 10 thermidor de l’anII (28 juillet 1794) à la barrière du trône, Paris XII ème, à l’âge de 63 ans.

Ayant émigré plusieurs fois pour rejoindre son fils aussi émigré, Charlotte est revenue en France, le 22 mai 1792 .

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Arrêtée à Rouen le 19 ventôse an II, elle fut transférée dans l’ancien couvent des Oiseaux le 25 ventôse et condamnée le 8 thermidor par le tribunal révolutionnaire comme conspiratrice.


Voici l’éloge qui fut rapporté de cette époque la concernant :

« Que pouvait-on reprocher à cette grande dame au déclin d’une vie toute de bonté et de charité ?... Aussitôt reconnue quand elle paraît sur l’échafaud, des cris s’élèvent. Non, pas cela ! Pas elle ! Elle est trop bonne ! Relâchez-la !
Imperturbable, le bourreau échancre sa chemise. Il l’allonge sur le billot. Silence total. Alors il arrive ce qu’on n’avait jamais vu pendant tous ces massacres, quelque chose qui ne se répétera pas, mais quelque chose qui se faisait avant la Révolution. La foule des spectateurs, les badauds, les voyeurs, les excités, les tricoteuses, tous se mettent à genoux et entonnent le Salve Regina »


Elle fut inhumée au cimetière de Picpus ,Paris XII ème. Elle figure sur un tableau de la chapelle des Jacobins à la Conciergerie.

A Paris, le passage continuel des charrettes remplies de corps sanguinolents apportent leur lot de désagréments. Pire, l’inhumation des milliers de cadavres dans les fosses communes du cimetière des Errancis empestent l’air d’odeurs nauséabondes.

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Faisant face à de multiples plaintes, les autorités n’ont guère d’autre choix que de délocaliser le « hachoir national ». Ils choisissent d’abord la place de la Bastille, puis la place du Trône-Renversé, actuelle place de l’Île-de-la-Réunion. La guillotine établie, il leur faut maintenant trouver un endroit où inhumer les cadavres qui s’accumulent, en essayant, cette fois-ci, de trouver un lieu qui ne liguera pas tous les habitants contre elles.

À quelques centaines de mètres de la place du Trône-Renversé se trouve un enclos de 300 mètres de long sur 70 mètres de large. Cet immense domaine au cœur de la capitale a longtemps abrité un couvent, celui des Chanoinesses de Saint-Augustin de la Victoire-de-Lépante. En mai 1792, les bâtiments et le terrain de cette communauté religieuse ont été confisqués par les révolutionnaires et donnés à un « patriote »


Le cimetière de Picpus :

Le cimetière de Picpus est un des deux cimetières privés de la ville de Paris. Il a été creusé en juin 1794 au fond du jardin d’un couvent dont les religieuses, chanoinesses de Saint-Augustin, ont été chassées deux ans plus tôt, pendant la Révolution française. À l’entrée du cimetière se situe la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix de Picpus. Il est un des quatre cimetières du Paris de la Révolution à avoir reçu des corps suppliciés par la guillotine.

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Afin de recueillir les corps des personnes promises à la guillotine, les autorités font creuser des fosses sur l’ex-terrain des chanoinesses, et percer une brèche dans un mur d’enceinte, à partir du 13 juin 1794. Cette brèche devait servir à faire rentrer les chariots de cadavres.

Place du Trône-Renversé, la Terreur atteint son paroxysme. Cinquante-cinq personnes par jour y sont exécutées. Âgées de 14 à 90 ans et de toutes conditions sociales, ces personnes sont condamnées par le tribunal révolutionnaire pour leur statut (noble ou religieux) ou pour délit d’opinion. Du 14 juin au 27 juillet, plus de 1 300 personnes, parisiennes ou provinciales, y perdront la vie.

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Une première fosse commune est creusée et les corps décapités y sont jetés. Nobles, nonnes, marchands, soldats, artisans, ouvriers, aubergistes, etc mêlés. Une deuxième fosse est creusée quand la première est pleine (une troisième fosse a également été découverte en 1929 mais elle ne contenait pas de cadavres). La chapelle de l’ancien couvent est utilisée par les fossoyeurs comme bureau afin d’inventorier les vêtements dont ils dépouillaient les victimes. La tradition précise que le sol de l’endroit étant argileux, le sang des victimes se putréfiait, provoquant d’atroces odeurs, d’autant que les fosses étaient seulement couvertes de planches jusqu’à leur clôture par de la terre.


Biographie de Charlotte Jacqueline De Manneville :

Elle est née le 3 mai 1731 à Rouen et fut ondoyée par le vicaire de la paroisse de Sainte Marie la Petite.
Son baptême fut célébré à Theuville aux Maillots le 27 octobre 1731. Elle était la fille aînée de Charles Louis de Manneville, comte de Manneville, Seigneur et patron de Beuzeville la Guérard, Crosville, Canouville, Hattemesnil et de Charlotte Françoise d’Auber.
Ses ancêtres paternels furent Etienne Joseph de Manneville et Bonne Angélique Mornay Montchevreuil.

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Aînée de quatre frères et d’une sœur, dont trois décédèrent en bas âge, celle-ci fut la seule héritière de cette branche familiale. En effet, son frère Charles Jean, né en 1734 à Theuville aux Maillots, était décédé à l’âge de 29 ans en 1763, au château de Theuville aux Maillots. Il fut inhumé dans le chœur de l’église de cette paroisse. Celui-ci était chevalier de l’ordre de Jérusalem, seigneur du lieu depuis le décès de son père le 21 janvier 1750. Quant à Charles François né en 1733, celui-ci fut tué à la bataille de Minden (guerre des sept ans), après le 1 août 1759.

De son mariage le 2 mars 1754, à Everly, en Seine et Marne, avec René Edouard Colbert, comte de Maulévrier, Lieutenant-général des armées du Roi, veuf de Marie Charlotte de Fiennes, elle eut deux fils.

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René Edouard Colbert, eut comme membre de sa famille, Jean Baptiste Colbert, un des principaux ministres de Louis XIV, contrôleur général des finances de 1665 à 1683, secrétaire d’État de la Maison du roi et secrétaire d’État de la Marine de 1669 à 1683. Fils de François Edouard et de Henriette Marthe de Froulay, il naît le 5 février 1706 à Paris. Il décédait le 19 octobre 1771 au Château d’Everly-en-Brie , à Everly, en Seine et Marne.

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La dot de Charlotte permet à René Edouard de racheter aux créanciers de son frère, pour 428 250 livres, le Comté et les terres réunies de Maulévrier, par acte notarié des 9 et 19 avril 1756.


Généalogie de la famille Colbert de Maulévrier :

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Colbert.pdf

http://www.infobretagne.com/famille-colbert.htm


Après 1763, la paroisse de Theuville aux Maillots, petit village du Pays de Caux, fut géré par Madame la comtesse de Manneville, Charlotte Françoise d’Auber, fille de Jacques Noël, seigneur du lieu, décédé le 7 mars 1733, et de Françoise Louise de Banastre. Cette famille était établi sur ce fief depuis au moins le XVII ème siècle.

https://www.tombes-sepultures.com/crbst_756.html


Liste des guillotinés :

https://gw.geneanet.org/pjame?lang=fr&n=revolution+francaise&p=guillotines

Dernier voyage des condamnés sous la Révolution française :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dernier_voyage_des_condamn%C3%A9s_sous_la_R%C3%A9volution_fran%C3%A7aise

F. Renout

Sources diverses dont archives de Seine Maritime et les recherches de la Gallissonière


Documents joints

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