La famille De Marguenat à travers les siècles (2 éme partie)
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Essais Généalogiques et historiques sur la famille De Marguenat
( De l’Aube, en passant par l’Angleterre, pour s’établir dans le Pays de Caux)
Une vie est remplie d’événements personnels et familiaux, heureux, malheureux ou tragiques qui construisent une personne et influent sur la vie des autres. Certains aspects ont pu parvenir jusqu’à une époque récente, au travers du vécu familial. En partant à la découverte de cette famille à travers les siècles, j’eus la surprise de retrouver le lien qui manquait concernant le nom donné à cette villa, à Saint Valery en Caux. Voici donc l’histoire familiale des ancêtres de Julius Richardson, comte De Marguenat.
Grâce à certains faits historiques, j’ai pu établir la généalogie ascendante de cette famille De Marguenat dont l’origine remonte en Champagne. Elle a été maintenue dans la noblesse en 1666. Les membres de cette famille se sont distingués à toutes les époques par leurs services militaires ou civils et par les alliances qu’ils ont contractées avec les familles les plus distinguées de la noblesse. Cette famille a formé deux branches établies en Champagne et en Normandie.
L’émigration des parents de Julius Richardson :
Le père de Julius Richardson, Marie Joseph Xavier De Marguenat, naît le 2 décembre 1765, à Rouen, paroisse Saint Maclou. Le 24 avril 1782, il entre comme sous lieutenant au 6 ème régiment de chevau-légers.
Le 20 septembre 1787, il reçoit sa nomination de capitaine de réforme au 8 ème régiment de cavalerie ou régiment de cuirassiers. Il rejoint son père à Karical, ce dernier colonel et commandant de cet établissement. Il le suit ensuite à Tabago, lorsqu’il est nommé maréchal de camp et gouverneur de cette île. Marie Joseph devient son aide de camp le 13 mars 1792. (capitaine réformé au 8 ème régiment de cavalerie)
En 1793, réfugiés à la Grenade, les deux Marguenat gagnent l’Angleterre. Le père meurt. Le fils sert les princes émigrés et, sur la proposition de Breteuil, entre dans le corps d’infanterie commandé par le comte d’Oilliamson (compagnie de conlades). Il se rend à Guernesey, mais ne va pas plus loin.
La même année, le 1 février 1794, Marie Joseph se marie à St Marylebone, à Londres, au Royaume Uni, avec Marie Catherine Cassent de la Martinière, native de Londres.
En 1800, on mentionne qu’il s’agit peut-être de réfugiés français.
Dans les registres de l’état civil des réfugiés Français à la révolution (1791-1818) on le retrouve à Jersey. Son père a du fuir la révolution et se cacher sur l’ile de Jersey comme la plupart des nobles (de Janville, de Durfort etc…)
Le couple aura quatre enfants :
1) Jacques Philippe :
Il nait le 12 février 1795 et est baptisé le 22 mars à l’église Saint Patrick, Soho square, Londres. Le Parrain est Claude de la Blancherie , représenté par Gilbert Petrie ; la marraine est Marie Richardson, épouse de N.Cassent de la Martinière. Premier fils, il reçut les prénoms de son grand-père paternel décédé quelques mois plus tôt.
2) Charles Edward :
Il naît le 2 novembre 1797, à Londres et est baptisé chez lady Reade de Gloucester au Royaume Uni, le 9 septembre 1800. Il deviendra chef d’escadron au 2ème régiment de chasseurs. (document la jeunesse de Napoléon). Il se marie mais n’aura pas d’enfants.
3) Julia Louisia :
Leur fille naît le 20 avril 1800 et est aussi baptisé chez lady Reade, d’Oddington, Broadwell, Gloucester, au Royaume Uni, le 9 septembre 1800. Celle-ci se marie en 1818 à Chetterham, Gloucestershire, Royaume Uni, avec Ulric Théodorus Hemminngson.
4) Fanny Amélia (ou Frances Amélia) :
Elle naît le 2 octobre 1810, à Saint Hellier, à Jersey. Elle se marie le 2 juillet 1835 (ou 2 février 1835), à Saint James, Wesminster, à Londres avec Charles Jean Louis (Charles Joachim Marie) Ayme De la Chevrière. Celui-ci est né le 2 février 1813, à Naples. Il est Baron, capitaine d’Etat Major, chef d’escadron (1852), , député de 1849 à 1851. Il décéde le 18 août 1854, à Melle, dans les Deux Sèvres . Quand à Fanny elle décède quelques années plus tard, le 19 juillet 1888, rue fossemagne, au même lieu que son époux.
Marie Joseph Xavier décède le 28 octobre 1834, en son domicile situé rue de Marly, à Rueil, où il réside avec son épouse.
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La famille De Marguenat, de l’Aube à Rouen :
Joseph Marie Xavier est baptisé le 4 décembre 1765, à Rouen, paroisse Saint Maclou. Il nait au même lieu, deux jours auparavant, rue Saint Marquets, au domicile de ses parents Jacques Philippe, aide major au régiment de Rouen, et Marie Anne Victoire Denier. Il eut pour parrain messire Nicolas Xavier Bacchus de Saint Paul, ancien mousquetaire de la première compagnie de la garde du Roi, et pour marraine Dame Marie De Potiers, femme du sieur Eutrop Robert De Potiers, écuyer. Les époux ont déclaré ce fils comme issu de leurs œuvres, lors de la célébration de leur mariage, neuf ans plus tard, le 20 avril 1774, à Paris, en l’église paroissiale de Saint Eustache.
Jacques Philippe est général de brigade à la révolution française. D’après mes recherches, il nait le 11 février 1741, à Villemoiron-en-Othe, dans l’Aube.
Il entre en service dans les compagnies franches de la marine aux Indes en 1755, et en 1758, il prend part à un combat naval. De retour en France en 1760, il passe lieutenant de grenadiers postiches, détaché à une compagnie du régiment des grenadiers royaux Le Camus le 6 mai 1760. Envoyé à Wesel pour commander une compagnie de chasseurs, il est réformé en 1763.
Replacé la même année aide-major dans le régiment des recrues de Rouen, il est de nouveau réformé en 1767. Le 3 juin 1774, il est nommé lieutenant-colonel à la suite des troupes des colonies, et le 21 juillet 1775, il commande un bataillon au régiment de Pondichéry. En 1778, il sert à la défense de Pondichéry, et il est fait chevalier de Saint Louis à cette époque.
En 1779, il sert en Indes, comme lieutenant-colonel, et rentre en France en 1785. Le 8 mars 1787, il est nommé commandant particulier à Karical, avec rang de colonel dans les troupes des colonies le 24 mars 1787. De retour en France en 1790, à la suite de la suppression de son emploi, il est promu maréchal de camp le 9 juin 1790.
Le 17 février 1792, il est affecté aux îles sous le vent, en tant que gouverneur de Tobago, par suite des brillants services qu’il avait rendu aux Indes. Il fut promu chevalier de Saint Louis. En avril 1793, il abandonne son poste, devant les menaces du rebelle Rivière, et il quitte l’ile à bord d’un navire anglais.
Jacques Philippe meurt le 6 novembre 1794, à Londres, en Angleterre. Quand à Marie Anne Victoire Denier, elle décède en 1828.
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La famille De Marguenat et la seigneurie de Saint Parre et de Pugny :
Le père de Jacques Philippe est Pierre Philippe Philibert, Seigneur de Villemoiron, Saint Parre (pour moitié) et de Pugny, capitaine des grenadiers royaux. Il se marie avec Claude Le Paulle, le 18 juin 1738, Villemoiron-en-Othe, dans l’Aube.
Le 1 juillet 1757, Pierre Philibert et Jean Anne De Marguenat abandonnent leurs terres de Saint Parre et du Pugny, au profit de Jean François des Marceaux et de madeleine De Beaulieu, son épouse, suite aux diverses instances qu’ils ont eu recours contre eux. En 1760, Pierre Philippe est domicilié rue du cocq, à Troyes. (gallica -affaire donation malheureuse)
Sa généalogie est établie. On connait ses parents. Son père est Didier De Marguenat, Ecuyer, Chevau Léger de la garde ordinaire du Roi et seigneur de la Rochotte, des essarts, de Saint Parre et de Pugny en partie. Il naît le 5 septembre 1687, à Dijon.
Il se marie avec Marie Jeanne Darche le 23 janvier 1712, à Dijon.
Le 11 mars 1720, les cousines de Didier, Françoise ( ° 1668) et Philippe ( ° 1670) De Marguenat, célibataires, demeurant à Saint Parre les vaudes, signent la donation dont va découler une avalanche de péripéties. Elles font cette donation à Dame Jeanne Darche, demeurant alors à Viévigne en Bourgogne, pour être tranquilles le reste de leur vie et pour se débarrasser du paiement des dettes dont les terres sont chargées du fait de leur père et mère. Cela consiste des 2/3 de la seigneurie de Saint Parre et de Pugny ; c’est à dire une maison seigneuriale, sise à Saint Parre, terres labourables, près et vignes.
Le 15 mai 1720 Didier de Marguenat, devant le Bailly d’Aumont prête foi et hommage au Duc d’Aumont pour sa Seigneurie de Saint Parre.
Une donation malheureuse à la seigneurie de Saint Parre les vaudes au XVIII ème siècle (gallica généanet) :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9604642x.image.r=MARGUENAT.f143.hl
Fait et passé à Bar sur Seine, le 11 mars 1720, en présence de Bourbonne, notaire. Ont signé après lecture : Françoise et Philippe De Marguenat ( les deux cousines de Didier) , Messire Delibois notaire, Jeanne Darche épouse de Didier De Marguenat.
En 1735, un dénombrement de la moitié de Saint Parre et du Pugny est établi par Didier de Marguenat, tant en son nom que comme tuteur de ses fils Pierre Philbert et Jean Anne le Marguenat, issu du mariage avec feue Jeanne Darche.
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Epilogue :
Dans l’Aube, deux communes portent le nom de Saint Parre : Saint Parre aux Tertres et Saint Parre les Vaudes. Saint Parre est le plus ancien des saints et des martyrs du diocèse, qui mourut décapité, pour n’avoir pas voulu renoncer à sa foi chrétienne, et qui donna son nom à ces deux paroisses..
https://www.jschweitzer.fr/la-religion/saints-de-l-aube/saint-parre/
La famille De Marguenat ou Le Marguenat est établi dans la noblesse au XVII ème siècle avec Claude, né à Troyes et baptisé le 9 novembre 1573. Il est contrôleur des finances, à Dijon, en 1609. Son épouse est Jeanne Fleutelot.
Au XVIII ème siècle, le procès pour la possession de la seigneurie de Saint Parres les Vaudes dura près d’un demi-siècle. Celui-ci est demeuré célèbre par sa durée et l’acharnement des divers protagonistes. On vit rarement des hommes de beau monde rosser des cousines avec qui ils ne s’entendent pas, et leurs femmes échanger des soufflets avec elles à l’église. Les héros de cette tragi-comédie ont pu mourir car leurs héritiers ont continué à se bombarder de procédures diverses. Un livre d’Henri de la Perrière, concernant le procès pour la possession de la seigneurie de Saint Parres les Vaudes, fut édité en 1928. Malheureusement, celui-ci est pratiquement introuvable.
Les traumatismes et les souvenirs malheureux de la seigneurie de Saint Parre durent rester ancrés très longtemps dans l’esprit des descendants de cette famille De Marguenat. Ont-ils voulu laisser une trace de ce passé, leur rendre hommage, en nommant leur villa de Saint Valery en Caux : « la villa Saint Parre » ? La reconstitution de ces vies aura permit cette découverte, héritage d’un lourd passé.
En 1935, l’ensemble immobilier de la villa « Saint Parre » est acheté par un exploitant agricole. La villa fut transformée en pension de famille, composée de sept chambres puis, après la guerre, elle devient un hôtel restaurant qui prospéra jusqu’en 1955..
F.Renout
(Administrateur cgpcsm)
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Sources :
Recensements Saint Valery en Caux (AD Seine Maritime)
Arthur Chuquet : « La jeunesse de Napoléon-Tome 1 »
Léon Hennet « Etre militaire de France pour l’année 1793 »
Liste des généraux de la révolution et du premier empire
Inventaire sommaire AD de l’aube, série E, titres féodaux et papiers de familles
Liste d’élèves de l’école spéciale militaire de saint Cyr
Henri de la Perrière, historien (Marguenat contre marguenat-1928)
Nobliaire universel (pages 285 et 286)
Gallica (bibliothèque nationale de France)