Anne MICHEL de la CROIX - Tombe et sépulture ancienne
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...........................❉•❉ Michel Delacroix ❉•❉ ............................
En visite à Conteville chez une cousine, celle-ci connaissant mon intérêt pour les vielles pierres et les tombeaux anciens, m’emmena au petit cimetière de cette paroisse.
Après avoir gravi les quelques marches, près du mur extérieur, accolé à l’église, on apercevait au loin un tombeau en pierre à deux pans, triangulaire sur les extrémités, sur lequel était gravé les noms des occupants. On se doutait, vu l’endroit où il se trouvait, que celui-ci avait été déplacé ! Dans quel but ? Le temps avait fait son œuvre.
Le manque d’entretien, dû peut être à la disparition des membres de cette famille, les mousses accumulées depuis des dizaines d’années à cause du ruissellement de la pluie, empêchaient de lire correctement l’épitaphe. Il est vrai qu’en janvier, par un temps pluvieux et presque à la tombée de la nuit, ce n’était pas les conditions idéales pour ce genre d’activité.
Je pus néanmoins comprendre qu’il était gravé d’un côté, Anne Michel Delacroix 1845 et de l’autre Guillaume Lechevallier.
De retour au domicile, poussé par la curiosité, je me mis à faire des recherches sur cette famille qui d’après moi devait habiter ce village. Tout d’abord, je pensais que « Michel » , accolé à Anne, était un prénom, quoi qu’ici masculin et non féminin comme il aurait du être écrit, et Delacroix le patronyme.
Aucun nom de famille au patronyme Delacroix n’était répertorié sur les bases de données de Généacaux et sur les archives en ligne. Bien sûr, ces personnes auraient pu décéder dans une autre paroisse et être inhumées en ce lieu !
Mais, cette épitaphe « Michel » m’intriguait toujours ! Je cherchais donc au nom de « Michel », et là, surprise, je tombai sur le nom de famille. Il s’agissait de Marie Anne Michel, décédée le 18 juin 1845 à Paluel, âgée de 91 ans.
Mais maintenant, pourquoi était-il écrit « Delacroix » sur le tombeau. Sur l’acte de décès, il était mentionné : dit De la Croix ! Sur le moment, je pensai à un surnom. Mais pourquoi le graver sur la pierre tombale ? Celui-ci devait avoir une importance particulière ! Quel en était la signification ?
En règle générale, quand un nom de famille est composé de plusieurs éléments, il peut s’agir de :
> > Un nom précédé d’une particule ou plusieurs noms, réunis par une particule, sachant que si la plupart des familles nobles portent un nom à particule, on ne saurait dire – loin de là – que tous les noms à particule sont portés par des familles nobles,
> > Un nom de famille précédé d’un prénom, comme Pierre-Brossolette : votre famille aura demandé à ce que le prénom d’un ancêtre célèbre soit définitivement intégré au nom patronymique.
> > Deux noms de famille accolés, réunis par un tiret ou par les mots « dit » ou « alias », comme Lefèvre-Utile, Marie dit Fremin ou Lambert alias Coucot, cela peut venir :
– D’un mariage, dans la bourgeoisie du XIXe siècle (comme Lefèvre-Utile)
– D’adoptions ou de filiations naturelles (comme, en Normandie, Untel dit Autrement)
– Le plus souvent, de régions de massifs montagneux où, très vite, les noms apparus au Moyen-âge n’ont pu durablement résoudre les homonymies. Beaucoup de villages du Jura et des Alpes se sont ainsi retrouvés obligés de procéder à ce moyen.
J’eus plus de chance avec le nom de l’époux qui s’avérait être Lechevallier. Je décidai donc de poursuivre les recherches afin de résoudre cette énigme.
Biographie familiale :
En consultant les registres de la paroisse de Conteville, je retrouvai le mariage de Guillaume Adrien Lechevallier et de Marie Anne Michel Delacroix le 24 novembre 1778 en cette paroisse.
Guillaume Adrien était marchand laboureur, né le 25 septembre 1756 à Saint Sauveur la campagne, fils de Marin Lechevallier, marchand laboureur et de Catherine Caniel.
Ses ancêtres paternels et maternels étaient marchands laboureurs ou laboureurs depuis le début du XVIII ème siècle, domiciliés sur les communes de Mannevillette, Sainte Marie au Bosc, Bretteville du Grand-Caux, Bornambusc, Buglise etc.
On peut dire, sans se tromper, que c’était une famille bourgeoise. On le nommait « Monsieur » en 1780. Il fut adjoint au maire de Paluel du 18 août 1800 à fin 1805, puis maire de ce village de 1806 au 29 août 1816. Il fut ensuite remplacé par Camille Philippe Louvel de Janville. (le tombeau de ce dernier se trouve au petit cimetière de la chapelle de Janville sous un if).
De leur union naquirent sept filles entre 1779 et 1791 à Conteville, lieu où ils étaient domiciliés. Guillaume Adrien devait décédé le 28 septembre 1821 comme mentionné sur le tombeau.
Son épouse, Marie Anne Michel Delacroix (De la Croix) est née le 26 septembre 1754 à Butot, fille de Jacques François, marchand laboureur et de Marie Anne Massif, mariés le 27 novembre 1753 à Ingouville sur Mer. (les ancêtres de cette dernière furent les Massif des Carreaux).
A sa naissance, son père était nommé Michel Dit De la croix. Marie Anne était appelée « Demoiselle » en 1780.
Cette famille Michel était originaire de Criquebeuf en Caux. Les parents de Jacques François, Jacques François Michel et Marie Martel, se marièrent à Goderville le 8 octobre 1727.
Pendant sa courte vie, celui-ci fut drapier, puis laboureur. Il devait décéder à l’âge de 34 ans le 17 juillet 1737.
Sa veuve se maria en secondes noces en 1740 avec Jacques Jolly des Commes, officier sur les vaisseaux de la compagnie des Indes. (le père de ce dernier est procureur).
Pour en revenir à ce surnom de « Delacroix », celui-ci ne fut pas évoqué lors du mariage en 1727 ou lors du décès en 1737 de Jacques François, ni aux naissances de ses 7 enfants. Par contre, on le trouve mentionné pour la première fois en 1740 lors du second mariage de son épouse Marie Martel ! (veuve J.F Delacroix).
C’est à partir de ce moment que ce « surnom » est ajouté au nom de famille à tous les descendants. A t-il été ajouté juste avant ce second mariage ? Bien que cette famille Michel devait faire partie de la bourgeoisie, je pense que son second époux était d’un rang plus élevé !
Il est évident que cela a permit aux enfants de ce couple de pouvoir faire des études et de devenir marchands, laboureurs, chirurgien etc.. bien que Jacques Jolly devait décédé deux ans pluis tard le 30 juin 1742 à Criquebeuf en Caux. (un autre enfant était né de ce couple en juillet 1741)
En se référant aux recherches de la noblesse de Jacques Barrin de la Gallissonnière, celui-ci mentionne une famille Michel dont le premier ancêtre connu fut Thomas, écuyer, seigneur établi dans le vicomté de Valognes. Existe-t-il un lien familial entre ces familles ? Je me permets d’en douter !
Le premier ancêtre du nom de Michel était originaire de Fécamp. Dans cette ville existait la paroisse Sainte Croix ! Peut être une piste ?
Je pense plutôt qu’il s’agit d’un mariage entre bourgeois. Mais pourquoi ce nom ou surnom accolé au nom Michel ? Je crois que l’on ne le saura jamais à moins que quelqu’un ait la réponse ! Il devait avoir une grande signification pour être gravé sur ce tombeau.
F. Renout
Sources : recherches personnelles suite à la visite au cimetière de Conteville (Paluel) en janvier 2017.