Le ramasseur de galets

mercredi 23 décembre 2015
par  Francis RENOUT
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Le ramasseur de galets sur les côtes du Pays de Caux

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Il symbolise le métier peu connu, mais pratiqué entre la fin du XVIII ème siècle et le XXe siècle sur cette Côte d’Albâtre

Les falaises du Pays de Caux (Cap d’antifer, Fécamp, Etretat, St Valery en Caux…), constituées de craie et de silex, produisent depuis des millénaires, par éboulement et érosion, une quantité importante de galets.

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Histoire :

Les galets connurent un regain d’intérêt à la fin du XVIIIème siècle grâce aux potiers anglais qui brûlèrent ces galets, les réduisirent en poudre, pour introduire cette substance (silice) dans leurs pâtes céramiques, améliorant ainsi la solidité et la blancheur. Le succès de ces faïences fines et porcelaines anglaises fut considérable. Un trafic important se mit en place. De bateaux anglo-saxons chargés de charbon venaient accoster sur les côtes de la Manche normande et picarde pour retourner chez eux, remplis de galets.

Le caillou était utilisé dans la construction d’édifices ou servait à la consolidation des voiries environnantes.

Les galets ont toujours fait les frais d’une exploitation par les hommes.

Leur ramassage a jadis fait vivre de nombreux artisans. Même si leur exploitation fut d’abord artisanale avec les chevaux, elle devint vite industrielle dans les années 1950 avec l’implantation d’usines. Mais cette exploitation fut si intense pendant plus de 2 siècles que le nombre de galets ramassés représente environ le stock restant sur notre littoral.

C’est pourquoi, afin de protéger les côtes normandes (qui sont les côtes les plus menacées de France), le ramassage des galets est interdit depuis 1975.

Les prélèvements sont limités aux environs de Cayeux où une petite dizaine d’entreprises les ramassent et les exportent dans le monde entier.

Les outils et les techniques :

Les techniques et les outils sont sensiblement les mêmes sur l’ensemble du territoire. Les ramasseurs utilisent des mandes ou mannes, sorte de panier en osier qu’ils remplissent de galets à la main. Ils choisissent essentiellement des galets blancs, gris ou bleus et de forme régulière. La mande est placée entre les genoux, les mains les mettent dans la manne.

Une fois la manne remplie, le ramasseur la hisse sur son épaule pour la vider ensuite dans le bât. Ces paniers représentent une charge d’environ 20 à 25 kg. Les bâts ou caisses sont placés sur des chevaux ou des mulets. Sur le dos du cheval est installée une sorte de couverture épaisse un sac rempli de paille appelé paillasson sur lequel repose la charge de galets. Les chevaux attendent le remplissage complet de leur charge avant de remonter la plage.

Les différents Galets :

Les galets ronds sont les plus recherchés. On s’en sert dans l’industrie comme broyeur, pour obtenir une poudre fine qui entre dans la composition des médicaments, des produits de beauté ...

Le galet de couleur grise est très riche en silice. Une fois cuit à 1600° C, il est utilisé dans la peinture, la Faïencerie (en Angleterre, la célèbre porcelaine Wedgwood), et également dans les pâtes dentifrices.

Le triage et le conditionnement :

Les galets sont ramassés à marée basse et remontés à marée haute. Le triage s’effectue soit sur une table ou un banc de calibrage, soit à l’œil. Les gros galets sont surtout utilisés comme remblai pour les routes. Les autres galets sont conditionnés dans des sacs de jute de 50 kg.

Le transport :

Les galets traités sont ensuite transportés une ou plusieurs fois par semaine vers les bateaux, les trains. Le galet est véhiculé au 19ème siècle par une charrette tirée par des chevaux.

Les vendeurs de galets :

Une fois le galet ramassé, il est souvent vendu à des intermédiaires qui se chargent de trouver des clients pour cette marchandise. Ils réalisent souvent des contrats à l’exportation : Angleterre, Allemagne, Hollande, Japon ou Amérique du Sud


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