La lavandière

mardi 19 septembre 2017
par  Francis RENOUT
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La vie d’antan : Blanchisseuse, laveuse, lavandière, buandière......

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On trouve plusieurs noms de métiers pour désigner et différencier les personnes qui s’occupaient du linge autrefois. Les fonctions étaient différentes mais apparentées.

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La lessive est devenue, de nos jours, une opération banale, pratiquée quotidiennement. En France, le nombre de lessives effectuées chaque jour est évalué à 20 millions. Pourtant, cette tâche banale a longtemps été, pour une génération de femmes, une corvée à la fois pénible, malsaine et bien plus polluante qu’elle ne l’est aujourd’hui.

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Tout le monde connaît La Mère Denis ! De son vrai nom Jeanne Marie Le Calvé, née en 1893 elle était, dans les années 1970, une des dernières lavandières authentiques ayant exercé de 1944 à 1963. Au cours des années 1970, elle devint célèbre en étant l’emblème des publicités pour la marque de machines à laver Vedette.

Sa Généalogie :

https://www.geneastar.org/genealogie/?refcelebrite=lecalvej&celebrite=MERE+DENIS

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La lavandière :

C’était une femme qui lavait autrefois le linge, essentiellement avec des cendres et de l’eau chaude, puis à la main ou au battoir, dans un cours d’eau ou au lavoir. Une lavandière pouvait donc représenter aussi bien une ménagère active, maîtresse de maison ou employée préposée au service de nettoyage du linge de toutes sortes, qu’une femme exerçant cette profession, reconnue unanimement pour sa dureté, à plein ou mi-temps.

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La laveuse :

C’était une simple ouvrière qui pouvait être employée à façon par une lavandière ou entreprise de lavage en gros, ou bien faisait profession autonome. Sa fonction consistait à laver le linge grossier ou peu délicat, de clients, le plus souvent les torchons, les grands draps, les robes et habits communs.

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La buandière :

C’était une ouvrière ou une laveuse qui travaillait en buanderie et non en plein air ou sous un toit de lavoir.

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La blanchisseuse :

C’était une autre ouvrière agissant comme employée ou pour son compte, qui s’occupait du linge fin, soit des habits du dimanche, des beaux costumes ou des robes ou habits à dentelles. Les blanchisseuses travaillaient de concert avec une repasseuse, car il fallait avec minutie remettre en forme, en pli, voire empeser, rigidifier ces habits si délicats et si fins de la confection d’autrefois, que seule la haute couture a préservé jusqu’à nous.

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Les grandes buées :

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Dans le monde paysan, il existait deux grandes buées, grandes bugades ou grandes lessives collectives par an, au printemps et à l’automne. Les grandes lessives d’autrefois s’effectuaient généralement aux époques où il y avait peu de travaux aux champs.

La buée est l’ancien nom de la lessive traditionnelle jusqu’au début du XXe siècle qui voit la disparition de ce mode de lavage du linge avec le développement de la lessiveuse en fer qui sera elle-même remplacée par la machine à laver.

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Dès le XIIe siècle, la lessive du gros linge s’effectue une fois l’an, après les fêtes de Pâques. Puis, les lessives sont devenues plus fréquentes. Jusqu’au début du XXe siècle, faire la lessive se disait « faire la buée » ou « faire la bue », termes à l’origine de l’étymologie de buanderie et de buerie. La "grande buée" était un jour de l’année où les habitants d’un même village lavaient tous leurs draps.

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Déroulement de la grande buée :

Il s’agissait de la grande lessive de l’année du linge de maison (rudes draps de lin) et des vêtements (chemises en chanvre, bonnets de nuit, blouses, tabliers, etc.). Cela se passait une, deux ou trois fois par an, au printemps (préparation du linge pour les fêtes de métier organisées lors de la semaine PNG - 227.9 ko sainte), en été avant la moisson ou après la fenaison pour profiter de la belle saison, voire en automne. Selon l’aisance de la famille, il y avait soit une bonne réserve de linge, soit peu de changements.

Il s’agissait d’un travail collectif assuré par les femmes, car les familles ne possédaient pas toutes le grand chaudron de fonte posé sur quatre pieds. Les voisines s’entraidaient à cette occasion où les familles plus aisées faisaient appel à une lavandière professionnelle.

Les séances de travail duraient plusieurs jours, généralement trois appelés « Purgatoire », « Enfer » et « Paradis ».

Le premier jour nommé « Purgatoire » avait lieu le trempage : le linge était mis à tremper dans des cuviers en terre ou grands baquets de bois cerclés de fer (demi-fûts remplis d’eau un mois avant pour faire gonfler le bois). Les pièces de linge de la famille y étaient disposées en couche sur PNG - 116.7 ko lesquelles on versait de l’eau froide. Une fois rempli, le cuvier était recouvert d’un drap appelé « cendrier » car sur ce tissu de grosse toile était répandu un lit épais de cendres d’ajonc ou de bois tendre (les cendres de bois dur tachant le linge) qui faisaient office de savon grâce à leur richesse en carbonate de potassium.

Le lendemain, une femme procédait au « coulage » en arrosant le cendrier avec de l’eau bouillante, parfois parfumée avec des plantes aromatiques (lavande, thym, ortie, laurier selon les régions). L’eau s’écoulait par la bonde au fond du cuvier, était réchauffée pour être à nouveau coulée. Ce jour était appelé « l’Enfer » à cause des vapeurs qui se dégageaient du linge bouilli une bonne demi-journée et remué de temps à autre à l’aide d’un grand pieu solide.

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Le troisième jour, le linge refroidi et alourdi était mis à cheval sur le pieu puis chargé dans des panières, hottes ou bassines sur brouette. Il était conduit à un étang, une source d’eau courante ou au lavoir pour y être battu (le battoir permettait d’extraire le maximum d’eau de lessive), rincé et essoré. Le linge retrouvait sa pureté originelle, d’où le nom de « Paradis » donné à cette journée.

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La buée un événement important de la vie communautaire, un acte social qui rassemblait les femmes et donnait lieu à une vraie fête, avec repas, chants et danses qui faisaient oublier la fatigue.

À l’issue de ces cérémonies rituelles, le linge subissait un séchage, selon le temps, à air chaud (devant le poêle ou la cheminée), couvert (dans un grenier) ou à l’air libre (au jardin sur un fil, sur des haies ou pour les grandes pièces de linge telles que les draps, étendues sur l’herbe, ce qui en favorisait le blanchiment). Enfin les draps étaient pliés dans les grandes armoires de ferme.

Cette méthode de lavage, plus ou moins perfectionnée au cours du temps, fut pratiquée jusqu’en 1940.

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En guise de détergent, de la terre à foulons ou argile smectique aux propriétés saponifères (libérant des saponines, agents moussant naturels, comme le font les “noix de lavage” qui moussent, mais lavent à peine mieux que l’eau chaude seule), détersives, dégraissantes et moussantes était utilisée, ainsi que la saponaire ou “herbe à foulons”. Alors importée de Syrie, où elle poussait à l’état sauvage, mais coûteuse, elle fut vite remplacée par de l’urine humaine fermentée, riche en ammoniaque. Ces pratiques, qui semblent d’un autre âge, étaient encore de rigueur en 1909 à Elbeuf (76) où de l’urine humaine était collectée pour des filatures de draps militaires...

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L’ESSOR DES LAVOIRS AU XIXème SIECLE

Si les premiers bâtiments réservés au lavage apparaissent au XVlllème siècle, c’est au siècle suivant qu’ils vont proliférer dans tout l’hexagone.

La création des lavoirs s’inscrit dans un contexte général d’une prise de conscience collective de l’importance de la salubrité publique et des principes élémentaires d’hygiène.

Le choléra, la variole et la typhoïde sévissent encore au XIXème siècle. Les progrès de la médecine invitent à mieux surveiller l’eau et l’évolution des techniques permet de mieux maîtriser son acheminement.

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Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la propreté devient l’objet d’un véritable culte. On encourage l’entretien du linge et la spécialisation des lieux et des usages de l’eau.

Le 3 décembre 1851, l’Assemblée Législative vote un crédit de 600.000 francs destiné à la construction des lavoirs publics, mais les éternelles lenteurs administratives retardent l’exécution du projet des municipalités.

Édifiés à ciel ouvert ou couverts près d’un cours d’eau ou à proximité d’une source ou encore d’une fontaine, les lavoirs qui subsistent aujourd’hui se ressemblent beaucoup. Le lavoir le plus souvent reproduit est un bassin rectangulaire entouré d’une surface inclinée en béton, protégé d’un toit couvert en ardoises dont la charpente s’appuie sur quatre ou six poteaux de bois.

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Mais certains lavoirs ont échappé à la standardisation des types et des matériaux de construction. Ici et là, on rencontre des bassins de pierre de forme rectangulaire, carrée, circulaire ou ovale qui font honneur à notre petit patrimoine rural.

Abandonnés depuis un quart de siècle, ces « temples de l’eau » deviennent lieux de mémoire où résonnent l’écho des battoirs et des bavardages.

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A lire aussi :
Le savoir faire de nos grands parents :

http://www.memoiresvivantes.org/bulletin/bulletin18_labue-lessive_2006.pdf

Les jours de lessive :

http://www.fontaine-fourches.com/632.1.La.lessive.1.0.Les.grandes.lessives.et.les.operations.de.lavage.html

Les grandes lessives autrefois :

http://joursdelessive.over-blog.com/article-4285398.html

Lessives d’autrefois et techniques de lavage :

http://espritdepays.com/patrimoines-en-perigord/patrimoine-bati-du-perigord/les-lavoirs-du-perigord/lessives-dautrefois-techniques-de-lavage

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Quelles conséquences pour la santé et l’environnement (la saga des lessives de 1906 à nos jours) :

http://www.dermocosmetologie.fr/wp-content/uploads/2011/08/090904_un-si%C3%A8cle-de-lavage-du-linge.pdf

Une vidéo du musée de la vie quotidienne qui illustre bien ce métier d’autrefois :

https://youtu.be/yOwu53a18GI

F,Renout
(sources diverses)


Documents joints

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