Un cauchois parmi les Hébertistes guillotinés à Paris pendant la révolution

vendredi 28 février 2020
par  Francis RENOUT
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Le 4 germinal an II (24/03/1794), à 17h30, trois charrettes transportant plusieurs condamnés à mort parviennent sur la place de la révolution, actuelle place de la Concorde pour se rendre à l’échafaud.

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Celle-ci est envahie par une foule plus grande qu’à l’ordinaire. Parmi ceux qui vont mourir se trouvent Jacques René Hébert, qu’on a fini par assimiler au « père Duchesne », le héros patriotique de son journal. Il y a aussi le général Charles Philippe Ronsin, François Nicolas Vincent, l’imprimeur Antoine François Momoro, Frédéric Pierre Ducroquet, Jean Baptiste Laboureau, Marie Anne Latreille, femme Quétineau, Michel Laumur, Anarchis Cloots, Jacob Peyreira, Pierre Ulrich Dubuisson, Pierre Jean Proli, Jean Conrad Kock, Jean Charles Bourgeois, Jean Baptiste Mazuel, Jean Baptiste Ancard, François Desfieux, Antoine Descombes, Jean Antoine Armand et Amand Hubert Leclerc.

On attend leur exécution depuis la veille parfois, et des groupes chantent pour passer le temps la « complainte du père Duchesne » qui vient de paraître, et que les colporteurs vendent dans la foule surveillée par les mouchards de la police.

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Le 2 mars, au Club des Cordeliers, Hébert, Vincent et Ronsin avaient proclamé la nécessité à la fois d’épurer la Convention nationale (notamment par l’élimination des dantonistes) et d’une insurrection populaire contre la faction des endormeurs (Robespierre étant directement visé). Hébert et ses amis sont pris de court par le Comité de Salut public qui les fait arrêter dans la nuit du 13 au 14 mars 1794.

Dans le contexte incertain et menaçant du début de l’année 1794, le gouvernement révolutionnaire ne peut tolérer les provocations répétées des « enragés » qui se réunissent aux Cordeliers et dont Hébert est plus le relais médiatique que le meneur.

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Les corps des guillotinés furent escortés par la gendarmerie jusqu’au cimetière de Monceaux.

https://fr.calameo.com/books/000107044049153e012c7

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Amand Hubert Leclerc :

Amand Hubert Leclerc est le seul normand parmi toutes ces personnes à être exécuté. Normand et surtout cauchois car celui-ci est originaire de Cany où il naît le 3 novembre 1749.

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Qui est-il et comment se retrouve t-il membre du clan extrémiste des Cordeliers ?

Il est le fils de Nicolas Balthazar Leclerc et de Marguerite Briquois, mariés le 30 juillet 1748 à Cany. C’est le second mariage de son père. Du premier mariage le 28 novembre 1739 avec Marie Duchatel, il aura six enfants. Nicolas Balthazar est menuisier en 1739, comme l’était aussi son père Adrien décédé en 1724. Il sera ensuite meunier et cabaretier au moment de son décès en 1750. Il est seulement âgé de 43 ans. C’est une famille bourgeoise du lieu. Les deux époux apposent leurs signatures sur le registre paroissial en 1748.

Amand Hubert aura un frère Jean Baptiste qui décède à l’âge de quatre ans en 1754. A son baptême, il a Marie Magdeleine Marion comme marraine, épouse d’un chirurgien nommé Anthoine Denis et Jean Baptiste Cherfils comme parrain. Ce dernier est procureur du roi et notaire aux juridictions du bailliage de Cany. Né à Bosville en 1737, il sera député du tiers état du 23 mars1789 au 30 septembre 1791. Il participera à la création des départements français avec Thouret.

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Amand Hubert n’a qu’un an quand son père décède. Suite à une tutelle prononcé le 19 octobre 1750, Adrien et Jean Leclerc, cousins, domiciliés à Saint Valery en Caux et Pierre et Jean Sorel, cousins, domiciliés à Cany, sont nommés tuteurs.

Sa mère, Marie Marguerite se marie un an plus tard, en 1751, avec Nicolas Aubin, aubergiste ; puis en 1778 avec Jean Adrien Duboc.

Que fait-il au cours de son adolescence et des premières années de sa vie d’adulte ? Il est certain qu’il sera influencé par son parrain, ce qui l’amènera à Paris.

Auparavant, il est commissaire à terriers et archiviste de l’évêché de Beauvais.

Lorsqu’il arrive dans la capitale, en octobre 1791, il loge rue de la grange batelière. Jacobin, il entre le 11 juillet 1793 comme sous chef, puis chef de la deuxième division, au bureau de la guerre.

Il démissionne et rejoint Jacques Hébert, hébertiste, partisan d’une radicalisation de la révolution et de la déchristianisation, du clan extrémiste des cordeliers. Ils seront tous arrêtés entre le 13 et le14 mars 1794. Leurs procès démarrent le 21 et ne durent que quatre jours. Sur les 20 accusés, 18 seront mis à mort.

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Les hébertistes :

Les Hébertistes, ou Exagérés, sont un groupe d’homme politiques de la période de la Convention nationale (1793-1794) pendant la Révolution française. Ils appartiennent à la tendance montagnarde. Leur chef est Jacques René Hébert, le fondateur du journal très populaire le Père Duchesne.

Jacques René Hébert est la voix des sans culottes parisiens.

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Le 2 mars 1794, au Club des Cordeliers, Hébert, Vincent et Ronsin avaient proclamé la nécessité à la fois d’épurer la Convention nationale (notamment par l’élimination des dantonistes) et d’une insurrection populaire contre la faction des endormeurs (Robespierre étant directement visé). Hébert et ses amis sont pris de court par le Comité de Salut public qui les fait arrêter.

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Hébert a passé sa dernière nuit en prison à hurler et à appeler au secours. Le public moque le manque de fermeté de celui qui réclamait sans cesse que tombent les têtes. Quand vient son tour de « jouer à la main chaude » (« être guillotiné »), Hébert doit être traîné à l’échafaud : sa tête montrée par le bourreau est saluée par des quolibets.

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Chaumette fut guillotiné plus tard, le 24 germinal (13 avril), avec l’évêque démissionnaire Gobel, le crime imputé à eux deux étant l’irréligion. La veuve de Desmoulins et la veuve d’Hébert faisaient partie de la même fournée.

https://www.unioncommunistelibertaire.org/spip.php?page=imprimir_articulo&id_article=5798

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Quant à sa mère, Marie Marguerite Briquois, elle décèdera, âgée de 86 ans, à Cany, le 5 janvier 1811.

F,Renout
(Administrateur cgpcsm)

Sources :
Delphine Dubois et Régis Lapasin (la fin d’Hébert et des enragés)
Bernard Vandeplas
Base de données Généacaux
Archives de seine maritime


Documents joints

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