Le grand hiver de 1709

vendredi 13 novembre 2015
par  Francis RENOUT
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..................Le Grand Hiver de 1709, il y a 3 siècles :

.....................DIEPPE Neuville Le Pollet....................

A cette époque là aussi, la France doit faire face à des difficultés économiques majeures et tout comme aujourd’hui, les finances de l’Etat sont au plus bas : la guerre de Succession d’Espagne, entamée en 1701 par le Roi Louis XIV s’enlise, faisant augmenter les prélèvements fiscaux et ralentir considérablement l’activité économique du royaume.

La population est dans la misère, manquant de tout, vivant de peu, n’espérant rien.

C’est dans ce contexte que la première vague de froid se fait ressentir dans la nuit du 6 au 7 janvier 1709. Elle s’étend rapidement sur toute la France. On relève jusqu’à -25° à Paris et – 23° en Normandie. La Seine gèle et la mer se charge de blocs de glace près des côtes et dans les ports.

Le froid n’épargne personne, pas même le Roi. Au château de Versailles, il se voit contraint d’attendre, pour le déguster, que son vin daigne dégeler !

A 18 jours de froid intense, succèdent 10 jours de redoux, puis, à nouveau, le froid et le gel jusqu’au début mars. Le sol est si gelé en profondeur que plus rien ne pousse. Les arbres éclatent sous l’effet du gel. Les végétaux dépérissent. Le bétail sous-alimenté meurt de froid. Les oiseaux tombent en plein vol. La terre est si dure qu’on enterre provisoirement les nombreux morts à l’intérieur des églises. Partout, la famine s’installe générant tumultes et soulèvements. L’impopularité du roi atteint son paroxysme. Le prix de grain grimpe à une rapidité vertigineuse : à Rouen, l’hectolitre de blé se vend 165 francs-or contre seulement 20 francs-or à la fin de l’année 1708 !

La disette s’installe, la mortalité s’accroît. Hommes, femmes et enfants ont faim. Rien pour se chauffer, le bois est hors de prix, rien pour se protéger du froid et rien pour se nourrir.
Lorsque le dégel arrive enfin en avril, le constat est épouvantable : les récoltes sont perdues, la population affamée. Le 5 avril, Paris est enfin approvisionné pour la première fois depuis trois mois. Le manque de nourriture amène le clergé à appeler à la charité et à l’aumône. Des secours s’organisent, des soupes populaires sont distribuées.

Soucieux de retrouver le calme, Louis XIV fait fondre sa vaisselle d’or et invite tous les courtisans à en faire autant. Une goutte d’eau !

Ceux et celles qui ne sont pas morts de faim ou de froid vont périr des épidémies de dysenterie, de fièvre typhoïde ou de scorbut, conséquences de la trop grande misère. Au total, on estime à près d’un million le nombre de victimes de ce terrible hiver.

La nuit du 2 au 3 de février, les rues de Dieppe se trouvèrent comblées de neige jusqu’à la hauteur de neuf pieds. Les bourgeois à leur réveil furent effrayés, en ouvrant leur maison, de s’y voir bloqués par un espèce de mur de neige. Chacun appela ses voisins et on convint à la voix qu’il fallait que tous, d’un commun accord, travaillassent devant leur porte pour former un passage le long des maisons, en jetant cette neige incommode dans le milieu des rues. Quand les habitants se furent procuré une communication respectable ils sentirent bien qu’ils allaient manquer des denrées que la campagne leur fournissait, s’ils ne débouchaient pas les chemins jusqu’au dessus des côtés des faubourgs de la Barre et du Pollet. Il fut donc arrêté d’y travailler en commun : savoir ceux qui demeuraient du côté de la porte de la Barre, s’obligèrent d’ouvrir le chemin jusqu’au haut du mont de Caïeux et ceux qui étaient du côté de la porte du pont prirent pour leur tâche de vider le chemin qui monte la côte du Pollet.

" Ce terrible hiver de 1709 eut dans notre canton des conséquences toutes particulières. Les vignes que l’on cultivait sur les coteaux de Bouteilles, ayant toutes gelées, ne furent pas remplacées et, depuis cette époque, le cidre - dont l’usage s’était généralisé dès le 16° siècle - devint la boisson exclusive de nos campagnes. "


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