L’hostellerie de la croix blanche à Néville

lundi 17 septembre 2018
par  Francis RENOUT
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Il ne reste plus aucun souvenir de ce lieu à notre époque ! C’est grâce au récit du prêtre, intéressé par la vie des habitants de sa paroisse, que cette histoire nous est parvenu.

C’est en feuilletant les pages de ce vieux registre du XVII ème siècle, à la recherche d’indices généalogiques sur un autre sujet, que je fus interpellé par ce récit.

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En l’an de grâce 1679, sous le grand règne de Louis XIV, le mardi 24 août, sur les quatre ou cinq heures du soir, arriva un voyageur à l’hostellerie de Néville à l’enseigne « la croix blanche »

Ce voyageur, malade, fut amené sur un âne, conduit par un jeune garçon. Celui-ci le mit à terre près de l’ hostellerie, sans parler à personne, puis s’en retourna par le même chemin d’où il était venu.

En cette année 1679, cette auberge est tenue par la veuve Cappart. Celle-ci, dont on ne connaît pas le nom, fut marié avant 1645 avec Jean Cappart, dont on retrouve le décès le 24 mars de cette même année, âgé de 75 ans. Ils eurent plusieurs enfants dont Marie, Jeanne, Françoise, Henri etc....

Ce voyageur, âge de plus de cinquante ans, de poil brun mêlé de blanc, habillé d’une chemise bleue, d’un juste-au-corps de froc blanc, de culotte de toile grise, de bas blancs de grosse laine fait à l’aiguille et d’un chapeau gris, raconta être originaire de Calais. Son épouse était décédée depuis quatre à cinq ans. Son unique fils était toujours domicilié à Calais, mais devait débarqué à Brest. Ce voyageur dit avoir plusieurs parents et amis à Dieppe.

Arrivé à Néville, malade, il demanda, par charité, à loger en ce lieu. Sans doute était-il pauvre ! Toujours est-il que l’hostellière le fit mettre dans la grange attenant à son hôtel. Cela lui permettait au moins d’être à l’abri des intempéries.

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Les deux jours suivants, les mercredi et jeudi, il arriva à boire et à manger raisonnablement malgré la maladie qui le rongeait. Interrogé par la fille aînée de l’hostellière, Marie, il lui dit être chrétien catholique et se sentir un peu mieux bien qu’ayant mal au cœur. Il espérait partir le vendredi matin pour se rendre à Dieppe.

Marie Cappart s’était mariée à Néville, le trois février 1665, avec Robert Delâtre, fils de Pierre et Susanne Derouen, dont elle eut neuf enfants entre 1665 et 1685.

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Quant à Jeanne, c’est le trois juillet 1668, qu’elle épousa, âgée de 23 ans, Nicolas Laillet, au même lieu. Jeanne avait eu un fils naturel de son futur époux le deux septembre 1667.

Le jour du départ, le vendredi matin, plusieurs personnes rendirent visite au malade dans la grange et le crurent endormi. Ils s’en allèrent donc ensuite à leurs occupations. Néanmoins, vers les dix heures du matin, s’étant réveillé et se sentant oppressé par le mal, il se mit à crier : « mon Dieu, mon père, sainte Vierge »

Vers les deux heures de l’après midi, la fille de l’hostellière, Marie, voyant qu’il se mourrait, envoya son frère Henri, quérir le prêtre de la paroisse. Celui-ci le trouva agonisant, sans pouls et sans pouvoir parler. Il chercha sur lui de quoi l’identifier : lettres, etc. Il ne trouva rien ! Pas même un chapelet ou quelque argent . D’ailleurs le peu d’argent qu’il avait, lui avait servi à acheter une chopine de bière dès son arrivée.

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Ce voyageur anonyme mourut vers les cinq ou six heures du soir.

Le prêtre n’ayant trouvé aucun signe religieux sur le voyageur, demanda aux personnes qui l’avaient côtoyées pendant ces trois jours, ce que celui-ci avait bien pu leur dire . Marie affirma donc l’avoir entendu dire : « mon Dieu, mon père, sainte Vierge » pendant qu’il souffrait. Le prêtre considéra donc qu’il pouvait l’inhumer dans le cimetière de la paroisse, ce qui fut fait le lendemain.

Henri Cappart, fils de l’hostellière, né vers 1651, se maria le 7 août 1684 à Néville, avec Marie Sevestre, dont il eut plusieurs enfants entre 1685 et 1692. Il décéda le dix sept août 1693 dans cette paroisse où il passa toute sa vie.

Cette histoire se déroulant dans le domaine de l’hostellerie, il faut savoir qu’en cette année 1679, fut inventé la marmite à vapeur par Denis Papin. Appelée digisteur, cette machine est nommée autocuiseur de nos jours.

http://visite.artsetmetiers.free.fr/papin.html

Encore une fois, on le voit avec l’exemple de ce voyageur anonyme, voici comment on perd la trace d’un de ses ancêtres ! Comment l’imaginer parti aussi loin de sa région natale et dans quel but ou circonstances ? Cinquante quatre lieues séparent Calais de Néville.

F,Renout
(Administrateur cgpcsm)

Source : registre paroissial de la mairie de Néville


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