Bombardement de Dieppe en 1694

jeudi 24 novembre 2016
par  Francis RENOUT
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Le Bombardement de Dieppe en 1694

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Le bombardement de Dieppe, également connu sous le nom de « Bombarderie » de Dieppe dans les sources de l’époque, est un épisode de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688/1697) au cours duquel, la flotte anglo-hollandaise bombarda la ville de Dieppe, entre le 17 juillet et le 23 juillet 1694. Déjà décimée par les épidémies de peste de 1668 et de 1670, cette attaque de la flotte anglo-hollandaise acheva la ruine de la malheureuse cité.

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Le 17 juillet, du haut de la falaise du Pollet, on peut voir dans les lunettes, des vaisseaux de haut bord et des galiotes à Bombardes. L’alarme est donnée en ville. Les femmes, les enfants, les servantes vident les maisons et PNG - 146.3 ko charrient le contenu vers les villages environnants. Le gouverneur, ses officiers et la garnison se postent sur le rivage. Le 22 juillet, 120 bateaux ennemis commandés par l’amiral Barklay encerclent la zone de la pointe d’Ailly, au camp de César. Les galiotes à bombes envoie au moins 1 100 projectiles sur la ville et plus des deux tiers des maisons sont détruites. À la différence des boulets qui sont pleins, les bombes ou obus, creux, sont remplis de produits incendiaires. La flotte PNG - 348.2 ko ennemie envoya une machine bourrée d’explosifs, de barils incendiaire et de boulets vers le port. Elle s’échoua sans rentrer dans le chenal et explosa. C’est un français, De larrey, qui conçut cette machine. La défense de Dieppe tira plus de 1 500 boulets mais la plupart tombèrent à l’eau sans inquiéter les navires assaillants. Les miliciens chargés de la défense, bretons et catholiques pour la plupart, ajoutèrent aux horreurs de l’incendie en pillant les maisons des notables protestants. Cette nuit du 22 juillet est claire par les flammes qui brûlent les maisons construites en bois.

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Le 23 juillet au soir, les feux ralentirent, le silence règne. Sur 2725 habitations, 1852 sont réduites en cendres. Trois édifices seulement, le château et les églises de Saint-Jacques et de Saint-Rémy, isolées par leur cimetière, échappèrent à l’incendie qui suivit le bombardement. Le curé Gabriel Letellier à la tête de ses bedeaux s’acharna à éteindre les flammes. Parmi les quelques maisons sauvées grâce au maître charpentier Dolique et à l’échevin Miffant, il ne reste plus à l’heure actuelle que la PNG - 694.8 komaison Miffant située rue d’Écosse. Celle-ci daterait de 1624 et appartenait à un membre de la famille Miffant, riches brasseurs, notables protestants de la région. Cette maison constitue un témoignage irremplaçable sur l’aspect de la ville au XVIIème siècle. PNG - 440.2 ko Seule la façade à pans de bois est d’époque et témoigne du talent des maîtres charpentiers d’alors. Elle a servi de 1694 à 1732, d’entrepôt pour la manufacture des tabacs avant d’être occupée par les frères des écoles chrétiennes. Par contre, toutes les belles maisons des quais et du Moulin-à-Vent, le quartier des riches , et le superbe Palais Ango, véritable merveille de la sculpture en bois, ont été brûlés et consumés de fond en combles.

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Le 24 juillet, la flotte appareille enfin. Les habitants reviennent, mais presque toute la ville est détruite sauf le faubourg du Pollet protégé par la falaise. Les 4/5° de la population restent sans abri. Les plus pauvres doivent donc émigrer à la campagne environnante. Les commerçants, les marchands les plus industrieux, les capitaines de long-cours et autres professionnels de la marine, ne pouvant rester plus longtemps sans salaires, vont offrir leurs services dans les différents ports du royaume. On note 196 naissances en 1694 contre 400 à 450 en moyenne habituellement ce qui semble logique puisque les femmes s’étaient réfugiées dans les villages environnants.

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Deux mois après ; le roi donne l’ordre de nettoyer les rues et de jeter les décombres sur les ruines des maisons, afin qu’on puisse circuler en ville. C’est Monsieur de Ventabren qui sera chargé de la reconstruction de la ville entre 1694 et 1720. Cette architecture a laissé son empreinte dans le Dieppe d’aujourd’hui. La reconstruction de la ville, commencée par Louis XIV, ne fut achevée qu’en 1720 ; mais Dieppe fut réduit pendant longtemps au rang de simple port de pêche .

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Pour retrouver les traces perdues d’ancêtres dieppois de cette période, n’hésitez pas à aller consulter les registres des communes environnantes.............

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F,Renout

Sources : Louis Vittet (1833)


Documents joints

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