Nos ancêtres et L’histoire du climat en France depuis le XIV ème siècle

jeudi 25 juillet 2019
par  Francis RENOUT
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En cette fin de juin 2019, la France s’apprête à traverser plusieurs jours de chaleurs !

Personne n’a oublié la canicule de l’été 1976 , entre le 22 juin et le 14 juillet, une des plus marquantes du XX ème siècle ! Puis, plus récemment, celle de l’été 2003, de mai à août. Selon les scientifiques, le réchauffement planétaire en cours pourrait atteindre 1,1° à 6, 4° C d’ici 2100. Nos ancêtres n’ont rien connu d’aussi rapide !

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Nous en retrouvons traces dans un certain nombre de fonds d’archives sous la forme de déclarations de sinistres, de demandes de dédommagement, de description de faits marquant les mémoires, laissant entrevoir les difficultés rencontrées sur le plan de la vie locale, économique et sociale : habitations endommagées, cheptels décimés, récoltes perdues, voies de communication coupées. A l’hiver les fortes gelées, au printemps les violentes grêles et pendant l’été les gros orages dévastent les cultures de blés, d’autres céréales, de légumineuses et d’arbres fruitiers.

Dès le Moyen Âge, nos ancêtres consignaient les grosses chaleurs, les grandes gelées et les grêles dévastatrices dans les registres paroissiaux, les livres de raison ou les archives des abbayes.

Parmi quelques actes répertoriés, on trouve, pour mémoire, l’orage de Saint Gille de la Neuville du 10 juillet 1786 et le procès verbal des événements climatiques survenus à Saint Germain des Essourts le 2 août 1703.

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(Saint Gilles de la Neuville 10 juillet 1786)

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L’univers d’un paysan alsacien du XIX ème siècle, son quotidien et les aléas climatiques :

http://histoiredevalff.fr/habitants/11-habitants/71-florent-wucher-fragments-d-une-vie-episode-1
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Quelques événements marquants en France et plus particulièrement en Normandie :

En 1095, une sécheresse fut propice aux épidémies qui faucha de nombreuses personnes dans la presqu’île de Jumièges .

Au XVI ème siècle, en 1540, le monde entier traverse une sévère sécheresse entre mars et octobre.

En 1524, la chaleur torride favorisant l’incendie de Troyes, détruit 1500 maisons et quelques églises.

En 1545, nouveau coup de chaud et nouvelle montée du prix des céréales. C’est l’une des plus importantes crises de subsistances du siècle, et provoquée par la chaleur !

En 1556, la vendange a lieu le 1er septembre tant l’été a été brûlant ! Un curé note que « ladite sécheresse accéléra les moissons près d’un mois plus tôt que de coutume ». La moisson se révèle médiocre, en quantité mais pas en qualité. Le sire de Gouberville, qui vit dans le Cotentin, relève la brève pluie du 1er juin, la première depuis le commencement d’avril. En juillet des incendies de forêt sont signalés dans cette Normandie d’ordinaire plus humide.

En 1636, année où Corneille écrit le Cid, un été caniculaire frappe la France, et plus précisément la capitale où les témoins décrivent « un effroyable harassement de chaleur » qui se maintient pendant plusieurs semaines. Cette terrible vague de chaleur et les maladies infectieuses qu’elle engendre vont provoquer la mort de 500 000 personnes.

En 1705, quatre ans seulement avant l’un des pires hivers de l’Histoire, la France dut de nouveau faire face à un été caniculaire. À Paris, les 39 degrés sont atteints durant plusieurs jours tandis que dans le sud du royaume la chaleur est telle que les thermomètres sont brisés par la dilatation du liquide. Cette canicule sera suivie par deux autres étés extrêmement chauds. Leur bilan humain total est évalué entre 200 000 et 500 000 victimes, une nouvelle fois causées par les infections de l’eau.

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(Saint Germain les Essourts 2 août 1703)
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En 1718 et 1719, deux étés caniculaires se succèdent. Durant le second, les fortes chaleurs s’étalent sans discontinuer de juin à la mi-septembre. Une forme de climat saharien s’abat sur la région parisienne et les témoins rapportent même l’invasion de nuées de sauterelles en provenance d’Afrique du Nord. Elles ravagent les cultures jusqu’en Normandie ! Ces deux étés caniculaires saignent à blanc le royaume : 700 000 morts (dont 450 000 pour la seule année 1719) pour un pays qui compte une vingtaine de millions d’habitants. Les victimes sont essentiellement des bébés et des enfants, atteints de dysenterie véhiculée par l’infection des eaux devenues trop basses.

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Au cours du XVIIIe siècle, d’autres étés caniculaires entraînent des pics de mortalité considérables. Les étés 1747 et 1779 font ainsi chacun près de 200 000 victimes. À chaque fois, dans l’indifférence quasi-générale, ce sont des générations entières de nourrissons qui sont décimées par les maladies infectieuses en conséquence de la chaleur et de la sécheresse.

Les chaleurs de l’été 1793 éclatèrent brusquement. Les grandes chaleurs commencèrent à paris le 1er juillet ; à Montmorency, après le 4. Elles augmentèrent si rapidement, que la journée du 8 figure déjà parmi les époques de leur maximum. Pendant tout le mois, le thermomètre se balança, au milieu du jour, entre 40° et 25° à 26°, en indiquant douze fois 24° à 34°, et dix fois 34° à 40° ; son élévation ne fut guère moindre les dix-sept premiers jours du mois d’août. Le maximum de la chaleur a donné 38°4 le 8 juillet à l’Observatoire royal de paris, et 40° le 16 du même mois à l’Observatoire de la marine. Durant ces grandes chaleurs, le vent resta fixé au nord, le ciel fut presque toujours beau, clair et sans nuages

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Au XIXe siècle, les deux canicules les plus meurtrières eurent lieu en 1846 et 1859 (année marquée par l’un des mois de juillet les plus chauds de l’histoire). Les bilans humains furent néanmoins légèrement plus faibles qu’au siècle précédent, avec à chaque fois une centaine de milliers de victimes. Les améliorations sanitaires de la seconde moitié du XIXe siècle réduisirent considérablement les pics de mortalité des vagues de chaleur.

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Le XXe siècle a connu de grandes canicules et sécheresses : 1911, 1947, 1976, 1983, pour les plus intenses et les plus longues.

https://meteoetclimat.fr/wp-content/uploads/2017/07/Histoire-du-Climat-web.pdf

(Em manuel Le Roy Ladurie, Jean- Pierre Javelle et Daniel Rousse )

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Climat, épidémies et famines :

http://angeneasn.free.fr/epidemies.htm

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500 ans de sécheresse en France :

http://www.gisclimat.fr/sites/default/files/Garnier_SHF_2009.pdf

F,Renout
(Administrateur cgpcsm)

Sources :
Emmanuel Leroy Ladurie (histoire humaine et comparé du climat)
Julien Colliat (Hérodote, le média de l’histoire)
Sylvie Dechavanne (Service des Publics Archives départementales du Val-d’Oise )


Documents joints

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