Une belle mère et sa belle fille, veuves le même jour

dimanche 8 avril 2018
par  Francis RENOUT
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Jean Pierre Nicolas Brunel est charpentier à Saint Vaast du Val, comme le furent autrefois son père et son grand-père. Agé de 55 ans, né le 29 juin 1748 et marié à Marie Catherine Cavelier le 5 octobre 1767 dans cette même paroisse, il a une grande expérience de son métier. Son travail consiste à cloisonner les puits, à fabriquer et à poser les poutres dans les galeries souterraines.

Saint Vaast du Val, petit village du Pays de Caux, est situé entre Calleville-les-Deux-Églises, Bertrimont, Belleville-en-Caux, Tôtes, Ancretiéville-Saint-Victor. Cette paroisse était composée de plusieurs hameaux dans les années 1800.

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Jean Pierre avait le projet de percer un puits de marnière dans le terrain, près de sa masure à Glatigny, hameau de Saint Vaast du Val. Le matin du 18 septembre 1803, vers 7 h, celui-ci se rendit donc avec son fils Pierre Jean, âgé de 25 ans et Jean Baptiste Lacaille son gendre, tisserand, pour contrôler le puits de marnière à ouvrir et travailler ensuite au fond d’un tunnel.

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Il descendit dans le puits à l’aide d’une corde. Au bout d’un moment, Pierre Jean et Jean baptiste n’entendirent plus de bruit, ni ne perçurent aucun mouvement ! Ils appelèrent en vain. Ce fut grâce à la lueur d’une torche, qu’ils découvrent Jean-Pierre gisant au fond, immobile. Son fils Pierre Jean descendit aussitôt pour lui venir en aide. De nouveau, au bout de quelques minutes, règna un silence inquiétant !

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Jean baptiste, seul en haut du puits entreprit de les rejoindre ; mais, au cours de la descente, il sentit une odeur inhabituelle et vit les deux corps inanimés. Il décida donc de remonter pour aller chercher du secours. De toute façon, il était déjà trop tard. Avec l’aide de Joseph Leroy et Jean Larose, habitants la commune voisine de Varvannes, il mirent une partie de la journée à remonter les deux corps sans vie de son beau père et de son beau frère.

Entre temps, il fit appeler l’officier de santé, Charles François Gulin, domicilié à Tôtes, qui, une fois arrivé sur place, procéda à une autopsie des cadavres. Celui-ci constata, suite à l’ouverture de leur estomac, qu’il n’y avait pas eu d’empoisonnement et déclara que leur décès était dû au manque d’air. L’asphyxie était donc évidente. Après avoir prêté serment, le médecin délivra le permis d’inhumer qui fut enregistré par Nicolas Goyer, adjoint au maire, qui s’était rendu sur le lieu du drame.

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C’est au XIXe siècle, suite à l’autorisation du consul Bonaparte, qui a rendu l’utilisation de la marne obligatoire dans les baux, que les Cauchois ont creusé des centaines de puits dans les couches de craie du plateau afin d’exploiter ces marnes situées en profondeur. Ces puits sont une véritable spécialité cauchoise.

http://explor-e.fr/geologie/marnieres-karst-et-cavites/textes-de-loi-anciens/

Les puits mesurent entre 10 et 30 mètres et permettent de creuser des chambres et des galeries souterraines de 10 à 20 mètres de longueur et de 2 à 3 mètres de hauteur. Après usage elles ont été rebouchées, leurs emplacements étant seulement repérés par des arbres. Au fil du temps (et des remembrements), ces arbres généralement isolés au milieu des champs ont disparu et la mémoire du site avec eux.

Voir mon article à ce sujet : http://www.geneacaux.net/spip/spip.php?article361

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C’est avec une grande tristesse, que Jean Baptiste Lacaille, s’en fut prévenir sa belle mère et l’épouse de son beau-frère. Ces deux décès accidentels firent donc deux veuves et des orphelins le 18 septembre 1803 (1 complémentaire de l’an XI, jour de la fête de la vertu) : Marie Catherine Cavelier et Marie Marguerite Ouin.

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Cette dernière, fileuse, née le 12 janvier 1769, fille de Pierre François Ouin et Suzanne Mallet, s’était mariée avec le fils, Pierre Jean Brunel, fileur de coton, tailleur d’habits, le 17 janvier 1795 (28 nivose an III) à Saint Vaast du Val. Pendant ses huit années de vie commune étaient nés trois enfants, un garçon André Nicolas et deux filles Marie Geneviève et Marie Modeste. Cette dernière décéda quelques mois plus tard.

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F,Renout
(Administrateur cgpcsm)
Sources : suivant actes des archives départementales de Seine Maritime (1803 vues 29 et 30).


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