Tremblement de terre - 1 décembre 1769
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En l’an de grâce 1769, le 1 décembre, dans le Pays de Caux, Tremblement de terre à Iclon, Flainville, Fauville et Dieppe ...............
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L’évènement avait dû frapper les esprits, car le journal de Rouen en fit mention, dans ses feuilles du 1er décembre 1852, page 1, au bas de sa petite rubrique intitulée « Éphémérides rouennais ». Le texte relate dans ses grandes lignes les évènements passés ….........
L’épicentre de ce séisme se situait à Iclon petit village du Pays de Caux qui a fusionné avec Angiens en 1826
« Le tremblement de terre de 1769 est plus curieux et on possède sur lui de nombreux détails. On le constata à Rouen même, mais il semble avoir eu son centre à Aclon (lire Iclon). Voici en quels termes le Journal des Annonces de Normandie le relate pour Rouen où il se produisit le 1er décembre :
« Aujourd’hui, à 6 h. 29 du soir, le ciel étant calme et les étoiles brillantes, on a ressenti un léger tremblement de terre qui a duré environ une minute. Il a été précédé d’un bruit sourd venant de l’Ouest. Nombre de personnes l’ont ressenti très sensiblement : les chaises des maisons ont remué et les boiseries de plusieurs logis ont craqué ». Ce tremblement de terre se propagea de différents côtés à Flamanville, à Fauville, à Limésy, où on ressentit deux secousses, séparées par deux minutes, dont la seconde plus forte.
Deux habitants, le sieur Libert, cuisinier du marquis de Limésy, et le sieur Picot, disent qu’ils ont vu alors un corps lumineux, « divisé en particules ignées », une sorte de pluie de feu, que l’un d’eux compare à une fleur d’oeillet qui s’épanouit. En réalité, il s’agit d’une aurore boréale, qu’on aperçut aussi dans la vallée de Saint-Aubin, près de Dieppe.
A Aclon, on ressentit tout d’abord une première secousse légère, puis une seconde à sept heures et demie, très forte, et enfin d’autres pendant la nuit. « Plusieurs briques du château d’Aclon, dit une lettre adressée au Journal de Normandie, sont tombées ; la roue du tourne-broche est tombée dans la cuisine. Une partie de la couverture du colombier a croulé ». « A Veules, la secousse fut assez forte, les cheminées et les pignons sont tombés ; les portes fermées au verrou et les fenêtres se sont ouvertes. Chacun a cru être à son dernier moment ».
« J’ai cru que ma maison allait tomber, écrit un autre correspondant, qui demeure à trois heures de Dieppe. Tous les particuliers qui m’environnent en ont senti autant. Plusieurs ont été si émus qu’ils sont tombés sans connaissance. Cinq quarts d’heure après, une seconde secousse a eu lieu, mais elle n’était pas le vingtième de la première ».
A Fauville, les habitants sentirent la terre trembler sous leurs pas et deux personnes revenant de la foire de Bennetot, tombèrent la face contre terre.
Quelle était la cause de ce tremblement de terre ? Pour le savoir, le Journal des Annonces de Normandie fit appel aux « physiciens », mais le chimiste-apothicaire Guesnon, qui demeurait rue Coquerel, en face Saint-Maclou, ne semble avoir fourni dans son long mémoire, que des explications assez embrouillées sur la « foudre terrestre » et les « météores bitumineux ».
Il semble voir plus juste, quand il écrit que « la contiguïté, l’élasticité et la flexibilité des parties du globe sont autant de causes qui concourent relativement à produire un choc et à nous transmettre au même moment, l’impulsion subite qui les a mises elles-mêmes en mouvement ». C’est un peu la théorie tectonique actuellement à la mode !... »
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Extraits de l’ouvrage de Georges Dubosc (1854-1927), « Les tremblements de terre en Normandie ».
« Le tremblement de terre que nous avons eu Vendredi dernier, s’est fait sentir plus fortement du côté de Dieppe où il a duré une minute au moins ; un de nos Abonnés, qui étoit à trois lieues de ladite ville, nous écrit : « j’ai cru que ma maison alloit tomber. Tous les particuliers qui l’environnent en ont senti autant ; plusieurs ont été si émus, qu’ils ont tombé sans connoissance. Cinq-quarts d’heures après nous avons senti une seconde secousse, mais qui n’étoit pas la vingtième partie de la première. J’ai regardé mon baromètre, que j’ai trouvé de 7 degrés plus haut que ce matin, mais je ne peux en dire la cause ni l’instant du changement. »
A Fauville, gros bourg, entre Yvetot & Fécamp, il s’y est fait sentir avec une égale violence ; sa direction venoit de l’Est à l’Ouest. Des personnes dans la campagne venant de la Foire de Bennetot, sentirent la terre trembler sous leurs pieds, & deux particuliers dignes de foi, nous ont assuré que le mouvement les avait fait tomber. »
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« Extrait d’une lettre de Limesy en Caux. :
Voici un évènement arrivé dans la paroisse de Limésy en Caux, le Samedi 2 décembre, lendemain du tremblement de terre qui y a été senti par deux secousses presque continues ; la première sensible, la seconde plus forte, & qui a duré, y compris l’intervalle, environ deux minutes.
Le nomme Lebert, cuisinier de M. de Marquis de Limésy, étant parti le Samedi 2, à 9 heures du soir, pour aller au Hameau de l’Eglise, éloigné d’un quart de lieue, aperçut, en traversant un champ de chaume, une lueur devant lui, semblable à la réverbération d’une lumière qui auroit été derrière lui. Il entendit en même-temps au-dessus de sa tête le bruit qu’auroit occasionné dans l’air la pression d’un corps ; il leva les yeux, & vit perpendiculairement au-dessus de lui un corps lumineux déjà divisé en particules ignées innombrables ; il se coucha à terre, et aussitôt ces parties ignées tombèrent sur lui et aux environs en pluie de feu, qui l’aiclairoit assez pour qu’il eût pu voir une épingle. Elles firent sur le chaume le même bruit que ferait la grêle ; cependant ces feux s’éteignant en tombant, ne lui ont fait aucun mal, et n’ont laissé aucune trace sur le chaume.
Le nommé Picot, ouvrier, passant à la même heure dans un chemin élevé, distant d’un petit quart de lieue de cet endroit, a rapporté qu’il avait vu ce corps lumineux sous la forme d’une lame ou flambeau de feu qui s’étant dilaté, a pris celle d’un œillet dont la fleur s’épanouit.
Nous croyons devoir informer les Physiciens de ce phénomène ; ces phosphores que la terre exhale, ne sont pas rares, mais la marche et l’effet de celui-ci nous ont paru présenter des circonstances assez singulières , pour mériter une place dans l’histoire des météores. »
Article F.Renout ( 2 août 2016 )
Sources diverses dont journal de Rouen du 1 décembre 1852