Naufrage en rade de Dieppe au XVIII ème siècle

samedi 19 avril 2025
par  Francis RENOUT
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Avant le bombardement de 1694 par les anglais, le port de Dieppe était déjà en mauvais état et n’armait plus que pour la pêche. Quelques vaisseaux entretenaient le commerce de l’ivoire et des instruments nautiques. La passe étant bouchée par les galets, une ordonnance de l’amirauté enjoint les capitaines, patrons et marins de se trouver le 14 octobre 1716, à l’entrée des jetées pour travailler à retirer le poulier qui s’y était formé.

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Naufrage du vaisseau « la Reine des Indes » :

En l’an de grâce 1714, le 25 février, le vaisseau « la Reine des Indes », de cent tonneaux, arrive en vue du port de Dieppe avec quelques difficultés. Celui-ci commandé par le capitaine Leber de Dieppe, revenait des îles de l’Amérique o ù il avait fait un long et paisible voyage.

Le vaisseau prenait l’eau mais devait rester dans la rade, dans l’attente de la marée montante, pour avoir un niveau d’eau suffisant de façon à pouvoir entrer dans le port. Nommé le « port de west » ou « pordouet », cette rade ou zone de mouillage jouxtait le château. Les marins occuper à pomper l’eau commençaient à être très fatigués. On leur envoya une cinquantaine d’hommes afin de soulager l’équipage.

Avant le bombardement de 1694 par les anglais, le port de Dieppe était déjà en mauvais état et n’armait plus que pour la pêche. Quelques vaisseaux entretenaient le commerce de l’ivoire et des instruments nautiques. La passe étant bouchée par les galets, une ordonnance de l’amirauté enjoint les capitaines, patrons et marins de se trouver le 14 octobre 1716, à l’entrée des jetées pour travailler à retirer le poulier qui s’y était formé.

Revenons à notre histoire !Cependant, il s’éleva une furieuse tempête causé par un vent d’ouest, qui après avoir bien fatigué le vaisseau pendant vingt quatre heures, le fit échouer sur le rivage. Comme la mer montait et était très agitée, elle le brisa de telle sorte que le lendemain, à marée basse, on ne retrouva que quelques vestiges du navire.

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L’équipage composé de cent hommes, plus les cinquante qui les avaient rejoint, ainsi que le capitaine Leber, presque tous originaire de Dieppe, périrent dans le naufrage ; sauf une douzaine environ qui se sauvèrent avec beaucoup de peine.

Ce qui était le plus touchant, était de voir sur le rivage, une infinité de personnes qui voyaient périr leurs proches, sans pouvoir les secourir. Au cours du naufrage, le père Cauvelle, jésuite, eut la hardiesse de monter sur des débris flottants du vaisseau, pour bénir tous ces marins qu’il voyait se noyer.

On voyait flotter sur l’eau tous les hommes morts ou mourants ; l’un ayant une cheville du navire passée dans la cuisse ; l’autre la tête fracassée et ensanglantée etc…..

Les marchandises flottaient entre les corps et les débris du navire. Rien ne put être récupérer. C’était un triste spectacle surtout pour les femmes qui étaient sur les galets et qui voyaient périr leurs maris ou leurs fils et qui poussaient des cris désespérés.

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Parmi cette hécatombe de morts, on ne retrouve que quelques inhumations à Dieppe, sur les paroisses Saint Jacques, Saint Rémy, Saint Aubin et le Pollet. Il y a François Heurtaud, époux de Marie Bénard, âgé de 41 ans, dont le mariage avait été célébré le 13 mai 1695, à Dieppe ; Celui-ci a été inhumé le premier mars en la paroisse Saint Jacques. Ensuite, on retrouve les inhumations à la paroisse Saint Aubin et le Pollet, le 28 février, de Claude Lemercier, François Adde, Adrien Pecquet et Nicolas Ferrand, tous âgés de 25 ans. Simon Manneville (ou Mandeville), âgé de vingt ans, fils de Pierre et Jeanne Goguet, fut inhumé le premier mars, à la paroisse Saint Rémy.

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Le capitaine Jean Baptiste Leber fut inhumé le 4 mars 1714, à Berneval le Grand. Il était âgé de 48 ans. En 1694, il préserva le quartier du moulin à vent. A cette époque, il y avait plusieurs frégates du roi dans le port de Dieppe ; dont une avait pour lieutenant le sieur Leber. Cet officier voyant que le feu allait prendre dans la rue du bec où était la maison de son père, prit avec lui les charpentiers et matelots de ses équipages, pour abattre les maisons du côté gauche de la rue par où le feu allait gagner, afin de préserver tout le quartier du moulin à vent.

Ce qui est étonnant dans ce naufrage en bordure de rivage, c’est de retrouver si peu d’inhumations sur Dieppe et les environs !On peut supposer que la majorité des corps ont été emporté au large au cours de la tempête. Ce naufrage laissa peu de trace dans l’histoire.

Naufrage d’un navire en 1725 :

Au mois de mars 1725, un navire venant de Marseille, arrive dans la rade de Dieppe. Celui-ci est chargé de savon et autres marchandises. Pendant l’attente pour entrer dans le port, un vent d’ouest s’éleva et la mer devint extrêmement grosse et orageuse.

Au cours de la tempête, le navire alla s’échouer dans les parcs et se brisa sur les rochers. Le navire s’étant ouvert sur le soir, presque tout l’équipage fut noyé et toutes les marchandises furent jetées sur le rivage ; lesquelles furent pillées et volées par la population. Comme on était proche du temps des Pâques, les marchands furent priés par les curés et les supérieurs religieux, pour que, par le moyen de la confession, le peuple rendit ce qu’il avait pillé du dit navire. Malgré cette demande, peu de personnes rendirent ce qu’ils avaient prit.

Cette même année, il y eut une cherté des vivres qui commença au mois de février et qui dura jusqu’après les récoltes. Il y eut une disette terrible.On comprend pourquoi la marchandise de ce navire ne fut pas restituer par les habitants.

De même que pour le vaisseau « la Reine des Indes », on ne retrouve aucune trace d’inhumations des marins sur les registres. A croire qu’ils furent tous emportés par la mer.

F.Renout
(Administrateur cgpcsm)

Sources :
Lazare Bichot (Mémoires pour servir à l’histoire de Dieppe-manuscrit du XVIII ème siècle)
Archives départementales (Recherches des inhumations des marins)