Louis Charles TASSOUX, soldat Napoléonien

jeudi 22 décembre 2016
par  Francis RENOUT
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Destin tragique d’un soldat tombé dans l’oubli

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Sur l’état civil des archives départementales de Seine Maritime, on relève un extrait maritime datant du 20 août 1813 par le commissaire de marine chargé des armements d’inscription maritime, concernant le soldat Louis Charles Tassoux, originaire de la paroisse de Belleville sur Mer. (vue 31 des archives)

Louis Charles est né en cette commune le 1 juillet 1784, fils de Charles Tassoux (originaire de Saint Martin en Campagne) et de Marie Anne Frechon mariés au même lieu le 5 novembre 1781. C’est le troisième enfant du couple qui en comptait dix.

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Embarqué sur le bateau de S.M l’Alexandre, commandé par Mr Gavreau, Louis Charles est tué au combat le 6 février 1806 devant Santo Domingo suivant apostille mis en marge sur le matricule déposé au bureau des armements de Dieppe.

Santo Domingo ? Où se trouvait cet endroit où Louis Charles a perdu la vie ? Poussé par la curiosité, j’ai effectué quelques recherches, autant pour le lieu, que la bataille. Il s’agissait bien, comme on pouvait le deviner, de l’île de Saint Domingue dans les grandes Antilles.

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Contexte en 1806 :

L’escadre française sortit de Brest le 13 décembre 1805.

La bataille navale de San Domingo se déroula le 6 février 1806 au large de Santo Domingo, sur l’île d’Hispaniola, entre l’importante escadre britannique conduite par le vice-amiral Duckworth et la plus petite escadre française conduite par le contre-amiral Leissègues. Corentin Urbain de Leissègues est né à Haurec près Quimper (Finistère), le 29 août 1758.

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Circonstances :

Le 22 frimaire an XIV, onze vaisseaux français appareillèrent : ils avaient pour chefs les amiraux Leissègues et Willaumez. Ils devaient former deux escadres et ne se séparer qu’à la mer. Ils naviguèrent de concert pendant deux jours et firent route ensuite pour leur destination respective. Leissègues, avec cinq vaisseaux (l’Alexandre, l’Impérial, le Diomède, le Jupiter et le Brave), deux frégates (la Félicité et la Cornète) et une corvette (la Diligente), avait pour mission de porter à Santo Domingo 900 hommes de troupes et des munitions de guerre.

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Après quarante jours de traversée, il entra à Santo Domingo dans un état complet d’avaries causées par les vents. Quatorze jours suffirent à peine aux réparations les plus urgentes, et lorsqu’il se disposait à partir, il vit apparaître une escadre britannique de neuf vaisseaux, les HMS Superb, Northumberland, Spencer, Agamemnon, Canopus (commandé par Francis Austen), Donegal et Atlas, ainsi que deux frégates (les HMS Acasta et Magicienne) et deux bricks (les HMS Kingfisher et Epervier).

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Leissègues sortit aussitôt et donna l’ordre de se préparer au combat. Les manœuvres de l’amiral ont reçu une part peut-être égale d’éloges et de blâme ; il ne nous appartient pas de les apprécier. Peut-être devait-il éviter le combat en présence de forces supérieures. Sa réponse à ce reproche est : « Élève du bailli de Suffren, dit-il, j’ai appris de lui à ne jamais compter mes ennemis ».

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Le combat :

L’Impérial, vaisseau-amiral de 118 canons à trois ponts, avait perdu 150 hommes et 30 officiers. Il avait 500 boulets dans le corps du vaisseau ; le mât d’artimon, le grand mât et le petit mât de hune étaient coupés ; le feu avait pris trois fois, les batteries de 24 et de 18 étaient désemparées des deux bords, il y avait vingt pieds d’eau dans la cale, un boulet resté dans l’étambrai empêchait le jeu du gouvernail ; le capitaine, le second et six officiers étaient blessés. Décidé à ne point amener son pavillon, Leissègues profita d’un moment où le feu s’était éteint de part et d’autre pour diriger l’Impérial sur la côte au moyen de la misaine, seule mât qui lui restait, et il échoua à dix lieues environ à l’est de Santo Domingo. Le Jupiter aussi fut pris.

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Trois jours après, malgré le feu des vaisseaux ennemis, il avait débarqué ses blessés et ce qui restait de l’état-major et de l’équipage. Ensuite, il descendit à terre, emportant avec lui son aigle et son pavillon.

Après avoir lu le récit de cette action, l’Empereur Napoléon dit : « C’est un des beaux combats de la marine française ».

La perte en hommes fut de 1510 morts, blessés ou prisonniers. Trois navires furent pris dont l’Impérial et le Jupiter, deux autres furent coulés.

Concernant l’Alexandre où était embarqué Louis Charles Tassoux, celui ci tint longtemps son poste devant, en avant de l’Impérial, et lutta avec furie. Par la suite, lorsqu’il eut perdu tous ses mâts, il dériva sous le vent de la ligne et aucune frégate ne se trouva là pour lui donner la remorque. En effet, les deux frégates s’étaient éloignées de l’enfer du champ de bataille sans en avoir reçu l’ordre.

.ڿڰۣ« ....Louis Charles Tassoux ne revit jamais sa terre natale !

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F,Renout

Sources : archives Départementales, Jean Claude Castex (dictionnaire des batailles navales Franco-Anglaise), autres..........


Documents joints

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