Une singulière famille

vendredi 28 février 2020
par  Francis RENOUT
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............. « Beau père de son frère et belle sœur de sa fille »...............

Le journal « la lanterne » , ancien quotidien parisien de la presse écrite, nous relate le 24 février 1888, « une singulière histoire de famille », une histoire ahurissante en cette fin de XIX ème siècle, qui se passe dans le Pays de Caux :

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« Ainsi à Saint Valery en Caux, ce 22 février, la semaine dernière a été célébré dans cette ville un mariage qui amène des complications assez bizarres dans les liens de parenté. Une veuve ayant eu plusieurs enfants d’un premier lit vient de se remarier au frère de l’époux de sa fille.
Par suite, l’une et l’autre deviennent belles sœurs, et, par son mariage, la première est belle mère et belle sœur du mari de sa fille. Elle sera grand-mère et tante de ses petits enfants qui eux mêmes seront neveux et cousins germains de ceux qui naîtront de cette seconde union.
La fille deviendra sœur et tante de ces derniers et leur père sera en même temps son beau-père et son beau-frère pour être exact.
Il faut ajouter que celui-ci est moins âgé de quelques années que le mari de celle-ci. Quand aux deux frères, le dernier marié est devenu beau-père de l’autre, qui sera beau-frère et oncle des enfants de son frère.
C’est pour cela, pour ces deux familles, une situation de parenté assez compliquée. Il faut espérer que dans l’avenir, elle n’aura aucune suite fâcheuse »

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Ce journal « la lanterne » fut fondé par Victor Ballay et lancé le 21 avril 1877 à Paris, par Eugène Mayer, directeur. Titre phare de la presse radicale, le journal voit son influence s’affaiblir entre les deux guerres et disparaît définitivement en décembre 1928.

La presse quotidienne en Seine Inférieure :

https://www.persee.fr/doc/etnor_0014-2158_1956_num_18_63_3120

Ce fait ne devait pas être courant à cette époque, pour être ainsi annoncé dans la presse parisienne. Ce mariage dut faire parler beaucoup de commères dans ce bourg du Pays de Caux et dans les villages environnants.

Je suis donc aller voir, par curiosité, sur les archives de Seine Maritime, ce fameux mariage qui défrayait la chronique à l’époque et de quelles familles on nous parlait sur cet article, car aucun nom n’était mentionné, ce qui peut se comprendre. Le mariage fut célébré le 8 février 1888 par Achille Doutrelaut, adjoint au maire de la commune. On lisait ce qui suit :

« Le 18 février 1888, acte de mariage d’ Etienne Jean Delaby, marin classé, âgé de 27 ans, né à Saint Valery en Caux le 22 janvier 1861, fils de Jean Charles Delaby, marin, âgé de 54 ans, et de Julie Désirée Saintot, journalière, âgée de 52 ans, non présents mais consentants au mariage par acte notarié, en date du 23 janvier dernier, passé devant maître Bouterre, et Marie Scolastique Degrave, journalière, âgée de 45 ans, née à Saint Aubin sur Mer, le 12 août 1842 comme il est constaté dans l’acte de son premier mariage, en cette ville, le 10 novembre 1863, fille de Jean Alexandre Degrave, douanier retraité, âgé de 74 ans et de feu Eléonore Anastasie Mautuit, décédée le 5 avril 1887, veuve en premières noces de Louis Marcel Pupin, en son vivant marin, décédé en mer le 16 mars 1877, ainsi qu’il résulte d’un jugement rendu le 29 septembre 1887, par le tribunal civil d’Yvetot. »

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Suite à l’acte de mariage et aux renseignements mentionnés, il ne me reste plus qu’à rechercher ces familles afin de mettre un prénom sur la fille de Marie Scolastique Degrave et Louis Marcel Pupin et faire de même pour le fils de Jean Charles Delaby et Julie désirée Saintot.

Glossaire des liens de parenté :

http://fan-genealogie.org/index.php/genealogie/la-parente/78-glossaire-des-liens-de-parente

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Marie Scolastique Degrave, originaire de Saint Aubin sur mer est domestique en 1863, quand elle se marie, â l’âge de 21 ans avec Louis Marcel Pupin, âgé de 27 ans, marin, le 10 novembre de la même année. Les parents de Marie sont bien présents au mariage ; ce qui n’est pas le cas en 1888.

Les ancêtres de Louis Marcel Pupin sont tous marins depuis le début du XVIII ème siècle et originaire de Saint Valery en Caux. Il ne connaîtra pas son père Jean Philippe qui décède quelques jours après sa naissance en 1836, âgé de 32 ans. Ses grand-parents habitent le même bourg ainsi que les deux frères de celui-ci. Au cours de son enfance, Louis Marcel ne sera entouré que de marins. Son arrière, arrière grand-père Charles Pupin meurt centenaire en 1793.

Louis Marcel, âgé de 41 ans, embarque le 13 mars1877 sur le navire "Saint louis" pour la pêche à la morue de Terre Neuve. Trois jours plus tard, il tombe à la mer le 16 mars 1877, à dix sept milles au large de St Valéry en Caux. le corps a été aperçu par l’équipage pendant quelques instant, flottant à la surface de l’eau. Toutes tentatives faites pour le sortir de ces eaux froides on été inutiles.

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De cet union naîtront quatre enfants : deux filles et deux fils entre 1864 et 1874. La fille aînée Marie Alice, née le 2 novembre 1864, se marie le 20 décembre 1883 avec Alexandre Iréné Delaby, marin classé. Alexandre est le frère de Jean, époux de sa belle mère. On comprend mieux comment ces derniers firent connaissance ! La sœur de Marie Alice, Marie Louise, et ses deux frères Louis Eugène et Henri Raoul décéderont jeunes, à l’âge respectif de 17, 23 et 29 ans.

Quand à la famille Delaby, ceux-ci sont aussi marins et originaires du Tréport par leur père, Jean Charles, né en cette ville en 1833. Jean Charles a dix huit ans quand il se marie le 21 septembre 1852, à Saint Valery en Caux, avec Julie désirée Saintot dont il aura 7 enfants entre 1853 et 1865.

Alexandre Iréné Delaby décède en mer le 9 janvier 1892, âgé de 33 ans et père de six enfants. Sa dernière fille Marie Louise Alice naît sept mois plus tard, le 1 août de la même année, rue Saint Léger, au domicile de sa mère. La rue Saint Léger est le quartier des marins. C’est sa grand-mère, Marie Scolastique Degrave, journalière, qui assiste à l’accouchement.

Quelques années plus tard, le 5 octobre 1898, naît un fils naturel de Marie Alice Pupin, veuve d’Alexandre Iréné Delaby. Louis Marcel Pupin sera reconnu par sa mère le 7 novembre.

Marie Scolastique Degrave décède en son domicile, rue saint Léger, le 7 janvier 1910, âgée de 67 ans, suivant la déclaration de son époux Etienne Jean Delaby, dont elle n’aura pas d’enfants.

Le journal « La Lanterne » a prévu le cas où Marie Scolastique aurait eu des enfants avec son second époux, ce qui n’est pas le cas ; par contre, celui-ci ne pouvait pas prévoir que Marie Alice aurait eu un fils naturel.

Vous êtes toujours là ? Si vous n’avez pas compris, le mieux est de faire un organigramme (ou arbre généalogique) sur une feuille de papier.

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Humour Généalogique :

http://www.agrippa.fr/?page_id=861

La corde familiale est composée de plusieurs fils. Au sein de sa famille, un individu est relié à chacun des autres membres par des liens familiaux. Les liens qui unissent les membres de la famille entre eux peuvent être de nature différente selon leur positionnement respectif sur l’arbre généalogique familial. Quel qu’il soit, on est la résultante d’une histoire familiale. Refuser d’y participer c’est s’exclure et refuser de les organiser, c’est bien souvent perdre le lien.

F,Renout
(Administrateur cgpcsm)

Sources :
Article du journal « la lanterne »
Base de données Généacaux
Archives de Seine Maritime
Images : photos de Saint Valery en Caux en 1900


Documents joints

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