Les rémouleurs, repasseurs de couteaux ou gagne-misère

lundi 25 juillet 2022
par  Francis RENOUT
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La France des villes comme celle des campagnes a connu des centaines de petits métiers à travers les siècles, fruit de l’imagination et de la débrouillardise des classes les plus modestes.

Le rémouleur, qui autrefois, était une figure de nos rues a entièrement disparu de notre paysage urbain et rural. Au travers de ce petit métier, nous allons voyager à travers le temps, l’espace géographique et social.

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Les rémouleurs exerçaient leur métier de février à novembre. Ils partaient à pieds de leur région, vers la fin de l’hiver, sous les intempéries, par des chemins enneigés ou boueux. Ils parcouraient ainsi plus de mille kms en une dizaine de mois. Ils étaient souvent accompagner de leur épouse.

Il y a encore quelques années, les plus âgés d’entre-nous, se souviennent sans doute, d’avoir vu et surtout entendu les rémouleurs qui passaient dans les rues de nos villages. Ce métier était encore commun entre les deux guerres. Ils signalaient leur présence en criant : » Rémouleur, rémouleur, couteaux, ciseaux, rasoirs » et en agitant une clochette. Leurs cris attiraient les habitants et éventuels clients. Le bruit de la meule provoquait souvent un attroupement d’enfants curieux qui venaient voir jaillir les gerbes d’étincelles. Son arrivée dans un village est toujours attendue, car souvent de nature gaie, il aimait raconter les anecdotes glanées ça et là. Il ne manquait pas non plus de se rendre sur les foires et les marchés.

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On nommait aussi cet artisan ou ouvrier ambulant : affûteur, aiguiseur, émouleur ou repasseur. Au moyen-âge, à Paris, le registre de taille de 1292 mentionne six « esmouleurs ». Ils appartiennent à la confrérie des « gagne-petit », qui regroupe divers métiers à très faible revenu. Par ailleurs, on le trouve ainsi nommé sur les registres des paroisses du pays de caux au XIX ème siècle. Au XVIII ème siècle, en 1773, Jaubert dans son dictionnaire des arts et métiers, nomme les rémouleurs de rue : « rémouleurs à la petite planchette » ; ceci, à cause de la petite planche qui est sous leur pied.

Certains rémouleurs exerçaient à côté d’autres petits métiers comme : bimbelotier, raccommodeur de faïence, chiffonnier etc....

Au début du XX ème siècle, en Europe, le métier de rémouleur était une spécialité des yéniches, surnommés aussi « tziganes blancs ». Ce sont des nomades qui se déplacent de village en village.

Le travail du rémouleur :

Le métier de rémouleur consiste à aiguiser ou repasser des instruments tranchants ou coupants : couteaux, ciseaux, poignards, hachoirs, tranchoirs, ou même autrefois les épées des gentilhommes. Personnellement, je préfère le terme de repasseur de couteau que rémouleur. Le verbe repasser était un vieux synonyme d’aiguiser. Pour protéger ses vêtements, le rémouleur portait un tablier en cuir ou en tissu résistant.

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Dans l’exemple qui va suivre, Thomas Lebouvier, originaire de la Manche, est repasseur de rasoirs. Au XIX ème siècle, l’homme se rasait avec un rasoir droit appelé aussi coupe-choux. Ce dernier était présenté avec plusieurs lames de rechange. Les personnes en avaient souvent plusieurs ; cela permettait l’attente de l’affûtage des lames usagées. N’oublions pas qu’à cette époque, l’homme ne se rasait qu’une fois le dimanche avant d’aller à l’église. Il n’y avait pas l’eau courante, encore moins l’eau chaude et surtout, les journées étaient très chargées.

Le recyclage des lames :

https://www.larazette.fr/le-recyclage-des-lames-toute-une-histoire/

Il pouvait aussi affûter les lames de scies. Pour cela, il utilise une lime tiers-point pour affûter les dents de la scie ainsi qu’un tourne à gauche qui lui permet d’en écarter les dents et de « donner de la voie » à la scie (donner de la voie est une opération qui consiste à écarter les dents de la scie latéralement vers la droite, la suivante vers la gauche et ainsi de suite afin que la sciure s’évacue à chaque coup de scie).

L’évolution du métier :

L’équipement du rémouleur a évolué au fil du temps. Au départ, le matériel consistait en un simple bâti, muni d’une lourde meule en grès, que le rémouleur transportait sur son dos au moyen de sangles. Il n’emmenait avec lui que le strict nécessaire.

Le matériel évoluant, le transport deviendra moins fatiguant grâce à des brouettes puis à des charrettes. Ces dernières pouvaient être tiré à bras ou par un cheval pour celui qui avait la chance d’en posséder un. Une réserve d’eau sera ajouté pour lubrifier la meule. Par la suite, cette dernière qui au départ était actionnée manuellement par un apprenti, sera dotée d’une pédale. Avec ce mécanisme, le rémouleur pouvait travailler seul.

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Le rémouleur, grâce à la charrette, a pu perfectionner son matériel pour en faire un atelier ambulant. Au fur et à mesure du temps, il ajouta un étau pour affûter les scies, une enclume et un marteau pour redresser des lames tordues et des tiroirs pour ranger ses outils. La grande innovation fut une grande roue, qui reliée à la meule par une courroie, permettait de démultiplier sa vitesse de rotation.

Métiers d’antan : le rémouleur en images :

http://natifs50-graulhet.wifeo.com/article-99698-metiers-antan-le-remouleur.html

Migration et origine des rémouleurs :

Henri Amblès rend hommage dans son livre aux rémouleurs de Lorraine, qu’on appelait émouleurs. Pourquoi les nommait on ainsi, car on sait que l’émouleur exerce le même métier que le rémouleur, mais de façon sédentaire !Ceux-ci partaient par centaines, une grande partie de l’année pour des horizons lointains : Bavière, Suisse, Pays Bas, Picardie, Normandie et autres contrées.

Au début du XV ème siècle, la corporation des « esmouleurs de grande force » détient le privilège d’aiguiser les ciseaux des tondeurs de draps. Elle reçoit de Charles VI des statuts précis et rejoint la corporation des couteliers.

En 1807, la loi leur fait obligation d’avoir un passeport pour sortir de France, mais aussi pour voyager en France.

Concernant le Pays de Caux, je me suis intéressé à ces migrations, car si certains rémouleurs étaient de Seine Maritime et d’origine cauchoise, beaucoup venaient de diverses régions de France. Ils étaient souvent originaire d’une région pauvre, ce qui les amenait à partir sur les routes, pour chercher un hypothétique complément de revenus.

L’étude porte sur le XIX ème siècle. On constate les migrations suivantes sur notre département :
La région du grand-est avec les départements de la Meuse, la Marne et la Meurthe et Moselle.
La région Auvergne Rhônes Alpes avec les départements du cantal et du Puy de Dôme.
La région des Hauts de France avec le département de l’Oise
La région Normandie avec les départements de la Manche et du Calvados

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Migration de la région Grand-Est :

Jean Denis Jeannesson : il naît le 10 avril 1804, à Louppy le Château, dans la Meuse. Son père est cordonnier. Il se marie à Rouen le 27 juin 1843 avec Zénaïde Bottin. Il décède le 31 juillet 1851, à l’hôtel dieu, à Rouen. Son frère Jean Louis est aussi rémouleur.

Jean Baptiste Dominique Nagot :
il naît le 4 août 1794, à Laheycourt, dans la Meuse. Son père est rémouleur. Il se marie le 31 janvier 1825, à Bouville, avec Victoire Gautier. Il décède le 3 juin 1862, à Limésy.

Jacques Etienne Florentin Simon : il naît le 13 avril 1804, à Vaubecourt, dans la Meuse. Son père est tourneur sur bois, puis rémouleur. Ses parents, son frère et ses deux sœurs arrivent sur Fauville en Caux, entre 1812 et 1814. Deux autres frère et sœur naîtront à Fauville en Caux en 1814 et 1817. Il se marie le 18 avril 1836, à Sassetot le Mauconduit, avec Louise Flamand dont il aura deux filles. Il décède le 11 décembre 1839, à Fauville en Caux.

Charles François Besler :
il naît le 4 novembre 1825, à Lenoncourt, en Meurthe et Moselle. Son père est rémouleur. Il se marie le 14 mars 1848, à Guetteville lès Grès, avec Françoise Clémence Grenier. Il décède au même lieu, le 5 janvier 1861, âgé de 35 ans.

Jean Pierre Richet : il naît le 6 février 1799, à Charmont, dans la Marne. Ses ancêtres sont manouvriers, vignerons. Il se marie le 15 juillet 1824, à Grainville la Teinturière, avec Marie Marguerite Henry, dont il aura six enfants et une grande descendance. Il décède le 12 mars 1782, à Thérouldeville.

Jean Baptiste Lemineur :
il naît le 3 février 1802, à Charmont, dans la Marne. Son père est cultivateur, maréchal ferrant. Il se marie le 2 mars 1826, à Normanville, avec Françoise Lemetais dont il aura trois enfants. Il décède le 8 mars 1861, à Normanville. Ses deux fils Jean Baptiste et Louis Ovide seront aussi rémouleurs, se marie et auront une descendance dans le Pays de Caux.

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(rasoir d’autrefois)


Migration de la région Auvergne Rhônes Alpes :

François Pagenel : il naît le 2 octobre 1753, à Vernols, dans le Cantal. En 1798, il habite à Ingouville près du Havre depuis six ans, comme stipulé sur un passeport révolutionnaire daté du 25 septembre. Il se marie le 1 août 1797, à Ingouville, avec Marie Marguerite Dupré. Il décède le 1 janvier 1811, à l’hospice de la trinité, à Fécamp.

Antoine Charbonnier : il naît le 3 janvier 1740, à Vernols, dans le Cantal. Il vient à Fécamp en famille entre les années 1771 et 1774. Il est accompagné de sa femme et de sesdeux filles, de son père Bertrand et de son frère Pierre ; sa mère étant décédée à Vernols, le 8 novembre 1762. Ses deux sœurs Hélise et Marguerite restent à Vernols. Antoine se marie à Vernols avec Jeanne Verraine et aura deux enfants qui naîtront au même lieu. Antoine décède le 30 avril 1810, à Fécamp.

Son frère Pierre, né le 22 mars 1746, à Vernols, se marie le 3 novembre 1774, à la paroisse saint Benoît, à Fécamp, avec Marie Anne Marical dont il aura deux fils et une descendance, tous maçons. Il devient chaudronnier, puis tailleur de pierres. Il décède le 6 août 1796, écrasé sur un chantier, où il est occupé à extraire des pierres d’une carrière située sur les quais comme l’indique le procès verbal du juge de paix Robert Vittecoq.

Pierre Arnaud : il naît le 22 juillet 1763, à Beaugon, Egliseneuve d’Entraigues, dans le Puy de Dôme. Il se marie le 6 octobre 1796, à Blacqueville, avec Marie Rose Coquerel dont il aura quatre enfants. Il est rémouleur et raccommodeur de faïence. Il décède le 12 août 1806, à Touffreville la Corbeline.

Guillaume Richard : il naît le 17 février 1749, à Saint Anastaise, dans le Puy de Dôme. Il se marie à Egliseneuve d’Entraigues, le 3 novembre 1775, avec Marguerite Chabaud dont il aura dix enfants qui naissent au même lieu En 1800, la famille est à Sainte Marie des Champs ; lieu où décède son épouse. Cinq mois plus tard, le 13 octobre 1800, il se marie à Yvetot, avec Marie Anne Campion. Quelques uns de ses enfants auront une descendance dans le Pays de Caux. Il décède le 26 décembre 1823, à Yvetot.

Antoine Guérin : il naît le 26 septembre 1812, à Egliseneuve d’Entraigues, dans le Puy de Dôme. Il se marie le 3 février 1841, à Saint Rémy Boscrocourt, avec Célestine Désirée Lefebvre, dont il aura huit enfants. Il décède après 1868.

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(un semainier)

Une famille de marchands colporteurs et rémouleurs :

La famille Mateuf est originaire d’Egliseneuve d’Entraigues, dans le Puy de Dôme. Pierre Mateuf, époux de Magdeleine Plagel est marchand colporteur. Deux fils naissent entre 1792 et 1798 . Il décède le 1 octobre 1820 dans ce village. En 1823, son épouse est cultivatrice. Elle décède au même lieu le 3 août 1832.

Les deux fils sont rémouleurs, mentionnés aussi « gagne petit ». On ne sait pas depuis quand ils quittèrent ensemble leur région natale pour arriver dans le Pays de Caux. Toujours est-il qu’ils se marient en 1823, à six mois d’intervalle.

Matias Mateuf est né vers 1792, à Egliseneuve d’Entraigues. Il se marie le 14 juin 1823, à Drosay, avec Aimée Marie Basille, fileuse, fille de marchands, originaire de Sainte Colombe où elle est née le 30 mars 1797. De leur union naissent cinq enfants à Sainte Colombe. Les deux fils aînés, Philbert, né le 22 août 1823 et François Athanase, né le 2 mai 1826 deviendront à leur tour rémouleurs. Tous deux vont se marier mais et auront des filles. Philbert décède à l’âge de 26 ans.

Pierre Mateuf est né le 27 mai 1798, à Egliseneuve d’Entraigues. Il se marie le 25 novembre 1823, à Sainte Colombe, avec Emilie Maillet, tisserande, née le 22 mai 1795, au même lieu, fille de tisserands. De cette union naît quatre enfants dont un fils Joseph Clovis (1). Pierre se marie en secondes noces, après le décès de sa première épouse, le 17 juin 1834, à Sainte Colombe, avec Marie Madeleine Deschamps, trameuse, née au même lieu le 18 août 1796. Pierre décède le 4 mars 1868 dans ce village cauchois.

Joseph Clovis Mateuf (1) naît le 1 juin 1831, à Sainte Colombe. Il est aussi rémouleur. Il se marie le 22 novembre 1859, au même lieu, avec Marie Marcelline Blondel, originaire de Fontaine le Dun où elle est née le 25 avril 1829. De leur union naît trois enfants dont un fils Auguste Joseph, le 4 septembre 1861. Joseph Clovis décède le 9 août 1907, à Sainte Colombe.

Devenu rémouleur comme ses ancêtres, Auguste Joseph se marie le 13 octobre 1900, à Sainte Colombe, avec Blanche Marguerite Auber, ménagère. Le couple aura 13 enfants, dont 9 fils, entre 1901 et 1918. Cinq décèdent en bas âge. Auguste Joseph décède le 16 janvier 1920, à Sainte Colombe.

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(Yéniches, peuple nomade)

Migration d’une famille Belge :

La famille Craeynest est originaire de Belgique au début du XIX ème siècle. Amand Lépold naît le 10 janvier 1860, à Monchaux Soreng, en Seine Maritime. Ses parents Augustinus et Carolina Dewyse, tous deux Belges, joueurs d’orgue ambulants, se sont mariés le 9 décembre 1868, à Amiens. Amand Léopold se marie le 3 décembre 1890, à Lille, avec Rosalie Verslype. Tous deux sont musiciens ambulants ; mais au fil des années, Amand Léopold deviendra rémouleur et marchand de balais.

Grâce aux naissances des enfants, on peut situer où se trouve la famille à un moment donné. En 1878, ils sont à Saint Josse dans le Pas de Calais ; en 1880, à Armentières ; en 1883, à Eu ; en 1886, à Soissons, dans l’Aisne ; en 1890, à Roubaix, dans le Nord ; entre 1894 et 1897, au Havre . Quand il décède le 23 octobre 1927, Amand Léopold est à Fécamp.


Migration du département de la Manche (Normandie) :

Périnigration de deux familles Retout habitants Coulouvray Boibenâtre et Saint Martin le Bouillant, à 12 kms de Villedieu les poêles. Les cousins iront se marier au même lieu à Canville les Deux Eglises. Ceux-ci sont marchands colporteurs et rémouleurs. Concernant leurs parents respectifs, je pense que leurs pères se sont mariés avec deux femmes qui sont sœurs.

Jacques François Retout :
il naît le 3 avril 1783 à Coulouvray Boisbenâtre. Il est le fils de Jacques Retout (dit l’aîné) et de Françoise Servain qui décèdent respectivement le 22 janvier 1807 et le 13 novembre 1795, à saint martin le bouillant, dans la Manche. Il se marie le 8 novembre 1814, à Canville les deux églises, avec Marie Rose Dorothée Retout. Ses secondes noces, le 1 juillet 1816, avec Constance Delabarre seront célébrées au même lieu. Il décède le 11 juillet 1856 dans ce village cauchois.

Pierre Jacques Retout :
il naît le 7 novembre 1778, aux Loges sur Brécey, dans la Manche. Il est le fils de Jacques Retout et d’Anne Servain. Son père, marchand colporteur décède le 26 novembre 1797, à Saussay, en Seine Maritime. Il est marchand quincailler et rémouleur. En 1808, sa mère habite Saint Martin le Brouillard, dans la Manche. Avant son mariage, Pierre Jacques est domicilié à Baudribosc. Il se marie le 10 août 1808, à Canville les deux églises, avec Marie Perpétue Beaurepère qui est fileuse. Son frère aîné Jacques François, marchand colporteur et son cousin Jacques François Retout, sont les témoins du mariage. Il décède le 11 juillet 1839, à Saint Martin aux Buneaux, au domicile de son ami Charles Heuzé, tisserand. Au moment du décès, il habite avec son épouse à Saint Pierre en Port.

Gilles Lesage : il naît le 22 mars 1803, au village de la Tallevendière, à Saint Michel Montjoie. Son père André est rémouleur et maréchal ferrant. Il se marie le 29 novembre 1828, à Rouen, avec Denise Sidonie Bouteiller, blanchisseuse. Il décède le 29 mars 1832, à Rouen, âgé de 29 ans.

Jean Louis Hanguehard : il naît le 26 novembre 1813, à Montjoie (Saint Michel Montjoie). Il est commissionnaire et repasseur de couteaux. Il se marie dans son village natal, le 8 novembre 1839, avec Marie Rosaline Robine. Il part de sa région entre 1841 et 1852, pour aller habiter à Rouen. Il décède le 20 janvier 1867 dans cette ville.

Thomas Lebouvier : il naît le 6 juillet 1742, au village du Chefresne, dans la Manche. Il se marie le 13 octobre 1778, à Rouen, avec Marie Louise Voye. A gé de 80 ans, il décède le 23 mai 1823, au hameau de Trouville, à Routot. Il est repasseur de rasoirs.

Jean Legent : il naît le 11 juillet 1714 à Brecey (Manche). Il se marie le 24 avril 1759, au Bourg Dun, avec Marie Elizabeth Legras. Il décède le 26 février 1783 et il est inhumé le lendemain 27 février.

Les rémouleurs « sédentaires » du Pays de Caux :

Par sédentaire, je veux dire n’ayant pas dépasser les villes ou villages de Seine Inférieure, à l’époque. Ils sont nés, se sont mariés et sont décédés dans le même département.

Florentin Victor Léon Follin : il naît le 22 février 1846, à Crasville la Rocquefort, dans une famille de tisserand, journalier et domestique. Il se marie le 15 septembre 1875, à Lammerville, avec Clémence Marie Leprince. Neuf enfants vont agrandir la famille entre 1872 et 1890. Florentin décède le 10 septembre 1891, à Bacqueville en Caux.

Mathurin Florentin Fleury : il naît le 3 avril 1849, à Bréauté, dans une famille de cantonnier, journalier ou tailleurs d’habits. Il se marie, au même lieu, le 6 juin 1891, avec Victoire Virginie Lemonnier dont il aura quatre enfants. Il décède le 30 septembre 1909, à Grainville la Teinturière.

Alexis Augustin Friboulet : il naît le 2 février 1868, à Fécamp, dans une famille de marchands car on retrouve ses ancêtres, tour à tour, marchand de jouets, marchand d’estampes ou marchand de tabac sur plusieurs générations. Il se marie le 16 février 1893, au même lieu, avec Marie Batilde Charbonnier dont il aura neuf enfants. Un fils deviendra marchand forain. Il décède le 11 février 1920, dans cette ville côtière de Fécamp où il séjourna sa vie durante.

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Quelques rémouleurs de Seine Inférieure au XIX ème siècle :

Alphonse Jacques Delastre : il naît le 16 mars 1824, à Rouen. Il se marie vers 1851, avec Anne Justine Leboucher, née à Touques. En 1867, il habite à Bonneville sur Touques, dans le Calvados, avec son épouse. A cette époque, Alphonse Jacques, âgé de 45 ans et Anne Justine, âgée de 56 ans, sont condamnés pour vols et complicité de vols, par le tribunal correctionnel de Pont l’Evêque, le 15 juillet. Ils écopent respectivement de six mois de prison pour lui et cinquante francs d’amende pour outrage public, et cinq mois pour elle (journal de Honfleur du 15 juin, 20 juillet et 26 octobre1867). Plus tard, le 14 août 1871, il est accusé d’’assassinat sur son épouse par le tribunal de Bayeux et condamné aux travaux forcés (matricule 4664). Il embarque sur le navire « la loire », pour le bagne, vers la Nouvelle Calédonie, le 19 avril 1873. Après un voyage de près de trois mois, il arrive sur l’île de Nou, le 14 juillet 1873. Il décède le 1 mai 1901, sur cette île, en Nouvelle Calédonie. Sur l’acte, il est mentionné rémouleur.

André Pierre Bachelet : il naît le 10 juillet 1862, à Rouen. Ses ancêtres sont tondeur, fileur, plâtrier ou sergent de ville. Quand à lui, il sera journalier, rémouleur puis maître forain. Il se marie le 3 septembre 1892, en cette ville, avec Marie Augustine Tertras dont il aura deux filles. En 1901, il habite au Havre ; puis en 1905, on le retrouve à Brest.

Charles Hippolyte Martin : il naît le 30 octobre 1848, à Elbeuf. Ses ancêtres sont toiliers, scieur de long, ouvrier mouleur. Il se marie le 26 novembre 1869, au Havre, avec Marie Alexandrine Niard dont il aura trois enfants. Au cours de sa vie, il sera rémouleur puis mouleur en fer (ouvier fondeur). Son beau père Charles émile est maître de four. Il décède le 6 janvier 1893, au Havre.

François Aimé Dehodang :
il naît le 7 novembre 1823, à Beaussault. Fils naturel de Marie Sophie, il se marie le 8 juin 1857, à Flamets Frétils, avec Rose Léonie Lecomte dont il aura deux fils. Agé de 78 ans, il décède le 28 décembre 1901, à Blargies, dans l’Oise. Rémouleur ambulant, sans domicile fixe, il meurt tamponné par un train venant de Beauvais (journal »la lanterne » du 01/01/1902). Son fils aîné François, célibataire, décède à l’âge de 35 ans, en 1895, et son épouse en 1896 ; tous deux au hameau du trépied, à Beaussault. Son second fils Aimé Léon marié en 1887, part du village en 1899 pour Sainte Geneviève, dans l’Oise, à 80 kms de son lieu de naissance.Une fille Marie Esther nait en juin 1899 et décède les jours suivants ainsi que son épouse. François Aimé du suivre son fils dans sa nouvelle demeure pour ne pas rester seul mais trouva la mort dans un triste accident.

Le rémouleur comme de nombreux autres petits métiers, victime du progrès et de la société de consommation, tombé en désuétude,disparaît d’Europe au XX ème siècle. En 2022, cette activité itinérante existe de nouveau, notamment en milieu rural, mais avec l’utilisation de meules électriques embarquées dans un véhicule utilitaire. Quelques passionnés ressuscitent un métier d’antan. A l’heure du recyclage, il faut y voir un métier d’avenir.

F.Renout
(Administrateur cgpcsm)

Sources :
Ateliers de la Combe (le métier de rémouleur)
Recherches personnelles concernant les personnes (Journaux, archives départementales, Généanet)


Documents joints

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