Un drôle de paroissien

lundi 11 mai 2020
par  Francis RENOUT
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Nos ancêtres n’étaient pas tous des saints et certains ont dû faire des séjours en prison pour différents motifs. Ce fut le cas de Guillaume François Delalonde au début du XIX ème siècle.

Guillaume François naît le 30 septembre 1777 à Yvetot où il est baptisé par le prêtre Grégoire, en l’absence de son père. En cette année 1777, le pape Pie VI envoie en cette ville, à l’occasion de la reconstruction de l’église et sur demande du sire d’Yvetot, une parcelle de la vraie croix.

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Il est fils de François Thomas Bruno et de Marie Anne Fauvel, mariés le lundi 25 novembre 1776 au même lieu. On note la présence de nombreux bourgeois parmi les témoins : marchand, laboureur, conseiller du Roi, notaire à Rouen. Ses parents sont tous deux marchands dans ce bourg important, capitale du pays de Caux, chef lieu de district entre 1790 et 1795.

Marchands de quoi ? Ce n’est pas précisé sur les actes. Ce que l’on sait, c’est que la prospérité de la ville est liée à un commerce fort développé dès le XVIIe siècle, grâce à son statut de paradis fiscal, et à des filatures de coton en pleine expansion après 1794. Au XIXe siècle la ville développe une production de tissu. Après la révolution qui donne lieu à quelques excès regrettables, Yvetot retrouve sa splendeur sous le gouvernement de Napoléon I qui visite la ville en 1802 et 1810.

C’est dans ce contexte que vit Guillaume François pendant ses premières années de sa vie. Suit-il ses études à l’école Saint Michel qui est la plus vieille école maternelle et primaire ? Celle-ci fut ouverte le 3 mai 1707.

En 1800, il est reconnu incapable de service par le jury des réquisitions militaires.

En 1810, et ce pendant quelques années, Guillaume François est écrivain et réside à Yvetot. Au cours des trois années qui suivent, jusqu’en octobre 1813, on le trouve 51 fois comme témoins à des naissances ou des mariages.

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A cette époque, il côtoie Pierre Edouard Antoine Caumont, coupeur en velours, âgé de 52 ans. Ils sont tous deux parrains de Barthélémy Lefebvre, né le 1 janvier 1811, fils de Barthélémy et de Marie Rose Heurtault, commerçants. Barthélémy deviendra curé et sera nommé à Yainville, le 25 décembre 1846, jour de noël. Sa mère, alors veuve, avait hérité du palais abbatial de Jumièges.

En 1814, il devient commis greffier au tribunal de première instance d’Yvetot. C’est au cours de cette année qu’il est témoin au mariage de son frère, Louis Joseph avec Marie Rose Ade.

En 1818, le 23 avril, décède sa mère, Marie Anne Fauvel. Guillaume François, écrivain, et son frère Nicolas Firmin, toilier, sont témoins.

En 1825, le 26 septembre, Guillaume François, se dit agent d’affaires et domicilié au N° 20 de la rue Sénécaux, à Rouen. Que lui arrive t-il à ce moment ? Son attitude change ! Il est coupable de délit de vagabondage et d’avoir porté le cordon d’un des ordres royaux, sans en avoir obtenu l’autorisation.

C’est aussi, au cours de cette journée du lundi 26 septembre, que ce drôle de paroissien, occasionne du trouble dans l’église paroissiale de Saint Valery en Caux. Il interrompt plusieurs fois l’exercice du culte religieux. Non content de cela, il outrage le ministre du culte qui est en fonction à ce moment là.

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Mis à l’arrêt, il est condamné à quinze mois de prison, le 16 novembre 1825. Jugé soit par le tribunal de police de Saint Valery en Caux ou celui d’Yvetot, il purge sa peine dans les prisons de ce dernier lieu, ceci, malgré qu’il fasse appel. A l’expiration de sa peine, il est mis à la disposition du gouvernement.

C’est après la révolution que la commune d’Yvetot érige un tribunal de première instance, une gendarmerie et une prison, dans l’ancien couvent construit en 1685, pour les religieuses de l’ordre des bernardines. En 1688, un incendie ravage les lieux. La reconstruction commencera en 1690 pour finir en 1711.

La maison d’arrêt d’Yvetot :

https://criminocorpus.hypotheses.org/9790

Dans cette prison, les détenus ne bénéficient pas d’une cellule individuelle, mais plutôt de grandes cellules, accueillant de 3 à 10 personnes. Le couvent-prison fut démoli en 1857 et la nouvelle prison à dortoirs construite sur le même site et mise en service en 1860. La prison ferma en 1935 puis fut ré-ouverte en 1940. Elle fut définitivement désaffectée en 1955.

La série U des archives départementales concerne la justice. Voici une liste des détenus pour l’année 1825 où apparaît Guillaume François Delalonde :

http://www.geneacaux.org/Doc/SerieU.htm

En 1826, le 3 juillet, à Yvetot, décède son père, François Thomas, âgé de 80 ans. Guillaume François, alors incarcéré, ne peut assister au service d’inhumation.

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Qu’advient-il de lui après son incarcération ? Que fait-il à sa sortie ? On perd sa trace à ce moment là !

On retrouve son décès à Gaillon, le 10 janvier 1829. Célibataire, âgé de 51 ans, il est mentionné être domicilié à Rouen.

F.Renout
(Administrateur cgpcsm)

Sources :
Archives départementales
Laurent Quevilly (histoire de Yainville)
Décès : Frédéric Dufetrelle


Documents joints

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