Infanticide à Annouville

vendredi 28 février 2020
par  Francis RENOUT
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Les communes d’Annouville et Vilmesnil ont été réunies sous le nom d’Annouville-Vilmesnil par ordre royal du 3 septembre 1823.

Placide Benjamin Bennetot, âgé de 24 ans, né à Saint Vigor, cultivateur et marchand de sel, demeurant à Annouville, a, le jeudi 20 decembre 1810, déposé et délaissé pendant la nuit, dans une marnière profonde de 40 m, un enfant nouveau né, dont était accouchée la veille au soir Suzanne Delalonde, sa servante. Placide Benjamin en était le père. Ce nouveau né fut retrouvé mort suite à ces maltraitances !

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A cette époque les bonnes ou servantes succombaient aux assiduités de leur patron, ou du fils de la maison. Une grossesse était vite survenue car les méthodes contraceptives étaient rudimentaires. Les jeunes filles se laissaient prendre à des promesses de mariage qui n’aboutissaient jamais.

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Le 8 août 1811, Placide Benjamin fut jugé par le jury. Ce jury a déclaré à la majorité de 7 voix contre 5, qu’il avait commis ce crime avec préméditation. Après délibération, il a été condamné à la peine de 20 ans de travaux forcés et au remboursement des frais.

« Le maître seul est bon pour elle. Il la consolerait s’il osait. Il voit bien qu’en cet état désolé où la petite n’a jamais un mot de douceur, elle est d’avance à celui qui lui montrerait un peu de douceur. L’occasion en vient bientôt. Madame étant à la campagne. La résistance n’est pas grande. C’est son maître, et il est fort. La voilà ceinte. Grand orage. Le mari, honteux, baisse les épaules. Elle est chassée et, sans pain, sur le pavé, en attendant qu’elle puisse aller accoucher à l’hôpital.
Quelle sera sa vie, grand Dieu ! Que de combats ! Que de peines, si elle a tant de bon cœur, de courage, qu’elle veuille élever son enfant ! »
Jules Michelet, La femme, 1860.

Telle est la vision au milieu du XIXème siècle de Jules Michelet sur relations entre le maître et sa servante.

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Il suffit de lire les célèbres romans de Maupassant (Une vie) d’Octave Mirbeau (Le journal d’une femme de chambre), d’Eugène Sue (Les mystères de Paris), de Zola (Pot-Bouille) pour constater la fréquence du thème de la servante séduite, engrossée et abandonnée dans la littérature du XIXème siècle. Cette fréquence atteste sans nul doute d’une situation assez courante, mais il nous est impossible d’en évaluer l’importance en l’absence de recensement systématique, de source statistique et nous pourrions dire comme Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues au mot « Femmes de chambre » : « Toujours déshonorées par le fils de la maison ».

Histoires de la bonne à tout faire au XIX ème siècle :

http://dona-martin.blogg.org/histoire-de-la-bonne-a-tout-faire-au-xixeme-siecle-a126301234

F,Renout
(Administrateur cgpcsm)

Sources :
1) Archives départementales seine Maritime
2) Texte de Marie Victoire Louis


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